Le cortège des incendies est permanent Une loi sur l'insécurité industrielle existe, mais elle demeure impuissante devant le relâchement perceptible dans le secteur industriel et l'ampleur des accidents qui s'y enregistrent. Plusieurs incendies ont été enregistrés ces derniers mois au niveau d'entités industrielles dans plusieurs régions du pays. Cette récurrence, pour sobre qu'elle puisse être, repose néanmoins avec acuité la problématique de la sécurité industrielle qui affecte considérablement la sphère économique nationale provoquant notamment la fermeture, partielle ou totale, de certaines entreprises. Le cortège des incendies est en effet permanent. Lundi soir, un incendie s'est déclenché au niveau de l'usine d'emballage de plastique «Zaouïa plastique» à Beni Tamou dans la wilaya de Blida. Cet incendie a provoqué d'importants dégâts matériels selon un bilan de la Protection civile qui ne déplore, fort heureusement, aucune perte humaine. Tout de suite après, une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de l'incendie. Il y a quelques mois, une explosion a eu lieu sur le site gazier de Skikda et a occasionné, selon certaines sources, la mort d'une dizaine de personnes. Le site, qui fournit du gaz butane de la Sonatrach, était en cours de rénovation par une entreprise sud-coréenne. Plusieurs sources évoquent une piste accidentelle et non terroriste. Ce n'est pas la première fois que ce site connaît des incidents. Un incendie, suivi d'une explosion, s'y était déjà déclaré en janvier 2013, faisant plusieurs blessés. Un autre incendie s'y est produit en 2004. Le 29 mai, un autre important incendie a détruit 12 yachts sans faire de victimes, selon les services de la Protection civile. Le mois d'avril dernier s'est également déclenché un gigantesque incendie au niveau du complexe industriel N'gaous, entreprise spécialisée dans la production et le conditionnement de boissons fruitées. Cet incendie a causé des pertes matérielles importantes, notamment des fûts de 200 litres et des produits d'emballage. Mais pas seulement. Car, en plus de ces cas emblématiques, bien d'autres, moins retentissants, ont été enregistrés ces derniers temps. En effet, selon la Protection civile, rien que pour l'année 2015, pas moins de 420 usines et dépôts ont été touchés par des incendies, causant des pertes matérielles importantes et obligeant des unités de production à l'arrêt. Dans pareille situation, il n'y a pas que les propriétaires des usines et autres ateliers touchés qui sont pénalisés. Mais tout le pays. Car, la fermeture, totale ou partielle, d'une usine provoque du chômage, une rupture de ses produits dans le marché, mais aussi l'arrêt de ses contributions fiscales, ce qui n'est sans doute pas de nature à réjouir le gouvernement qui s'emploie depuis au moins deux ans à élargir au mieux le tissu d'entreprises national. La fermeture d'une usine, même pour une durée très limitée, doit être vécue comme un drame non seulement par son patron ou son P-DG, mais aussi par les décideurs économiques nationaux. Car, plus que jamais, l'Algérie a besoin de développer son économie et la diversifier et un tel chantier passe nécessairement par la création continue de nouvelles entreprises et l'accompagnement de celles qui existent pour s'améliorer davantage et, pourquoi pas, s'investir à l'international. Il convient par ailleurs de souligner que le fait que tous ces incendies n'aient pas une origine criminelle, veut dire que le problème se pose en termes de sécurité industrielle. En septembre dernier, un projet de loi relatif aux règles générales de prévention des risques d'incendie et de panique, a été mis sur la table du ministère de l'Intérieur. Ce texte vise à offrir une meilleure protection des personnes, des biens et de l'environnement, assurer la sécurité des intervenants et limiter les conséquences de ces risques en cas de sinistres. Parmi les objectifs qui lui sont assignés, régir en particulier les établissements recevant du public (ERP), les immeubles de grande et de très grande hauteur (IGH et Itgh) et les bâtiments d'habitation (BH) qui constituent «une des préoccupations majeures» pour le ministère de l'Intérieur compte tenu des risques potentiels qui peuvent être générés pour le public, les utilisateurs et les personnes y exerçant ou y habitant, selon les motifs de l'exposé. Ce projet, qui contient des mesures plus ou moins à même de prémunir contre les risques encourus, stipule dans son article 44, que la mise en conformité des établissements, immeubles oubâtiments existants, avec les dispositions de la présente loi, «dans un délai maximal de 5 ans, à compter de la publication au Journal officiel. D'ici cinq ans, la sécurité industrielle peut être une réalité algérienne. Entre-temps, des dégâts continuent à être enregistrés.