Les opposants considèrent que la reconduction de M. Lahoud est à l'origine de la crise actuelle. L'opposition a rejeté l'offre de dialogue du chef de l'Etat pro-syrien Emile Lahoud, le considérant responsable de la crise politique au Liban, alors que la communauté internationale met en garde contre une «montée des tensions», voire des «assassinats». Le principal opposant, le chef druze Walid Joumblatt, a continué à réclamer la démission de M.Lahoud, dont le mandat a été prorogé de trois ans en septembre par la Syrie, alors au faîte de sa puissance mais aujourd'hui affaiblie. Confortés par un appui populaire sans précédent, les opposants considèrent que la reconduction de M.Lahoud est à l'origine de la crise actuelle et que son maintien au pouvoir ne permettra pas de calmer les esprits. Ils exigent au préalable une enquête internationale sur l'assassinat de Hariri et le limogeage des six chefs des services de sécurité et du procureur général. «Les conditions du dialogue ne sont pas réunies (...) après l'assassinat de Hariri. Nous ne leur faisons pas confiance», a affirmé le général Michel Aoun, en exil à Paris.«Un certain nombre de chefs de l'opposition vont être la cible de tentatives d'assassinat», a assuré le comité de suivi de l'opposition, dans un communiqué publié dimanche. De son côté, l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie et au Liban, Terje Roed-Larsen, a mis en garde contre l'assassinat d'une nouvelle personnalité libanaise. «Je suis réellement inquiet de la possibilité qu'une importante personnalité ne soit assassinée (...) j'avais pressenti des troubles avant l'assassinat de Rafik Hariri», a-t-il dit, cité hier par des journaux libanais. Walid Joumblatt, retranché dans son fief de Moukhtara, dans la montagne au sud-est de Beyrouth, a dit plusieurs fois que Rafik Hariri lui avait confié avant sa mort: «Ça sera toi ou moi». Le père de M.Joumblatt, Kamal avait été assassiné en mars 1977 près d'un barrage syrien après s'être opposé aux projets expansionnistes de Damas. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, s'est également déclaré «profondément inquiet d'un risque de montée des tensions au Liban», après une explosion dans un quartier chrétien près de Beyrouth qui a blessé samedi 11 personnes. Réagissant à cet attentat, M.Joumblatt a «mis en garde la Syrie contre les agissements de certains de ses partisans qui ont été armés». Une situation d'extrême confusion qui avait amené, samedi, le président Emile Lahoud à renoncer à sa participation au Sommet arabe d'Alger. De son côté, et mise au pied du mur par la communauté internationale, par le biais de la résolution 1559 de l'ONU stipulant un retrait immédiat et total syrien, Damas a terminé vendredi le repli de ses forces de la montagne libanaise et du Liban-Nord vers la Békaâ (est), limitrophe de son territoire. Quant au délai de ce retrait total, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, M.Walid El Moualem, a annoncé, hier à Alger, que la question du retrait de toutes les forces armées syriennes du Liban avant les élections législatives dans ce pays, sera tranchée au courant de la première semaine du mois d'avril prochain.