La rencontre aurait retenu le principe d'un sommet officiel à Tripoli. La rencontre bilatérale qui avait eu lieu ce mardi entre le président algérien et le souverain marocain semble avoir défriché le terrain en vue de la reprise d'un processus interrompu depuis presque une décennie. En effet, des sources diplomatiques très sûres, qui ont requis l'anonymat, nous ont appris qu'«une rencontre informelle de l'UMA a eu lieu hier matin». La rencontre, afin de pouvoir se poser loin des regards indiscrets, se serait déroulée au Sheraton, en présence du secrétaire général de l'UMA. Notre chef de la diplomatie, qui a joué un grand rôle dans la réussite de cet événement, aurait multiplié les contacts en ce sens, depuis ce mardi, notamment avec son homologue marocain, Mohamed Benaïssa. C'est pour cette raison, croit-on savoir, que ce dernier a refusé d'aborder devant nous le sujet de l'UMA et des relations bilatérales algéro-marocaines avant que Bouteflika et Mohammed VI n'aient trouvé le temps de se rencontrer et de mettre des choses au point. Selon nos sources, «cette série de rencontres n'a pas été vaine». Il aurait été convenu, avec l'accord de Maâmar Kadhafi, qui préside cette union, qu'un sommet de l'UMA, attendu depuis des années, devrait se tenir avant la fin du semestre courant. La démarche, qui ne vise «rien d'extraordinaire» pour le moment, après une si longue mise en veilleuse, cherche en premier lieu à relancer formellement le processus d'édification de l'UMA, avant d'aller, d'un pas soutenu, vers des décisions et des initiatives plus importantes. Pour cela, est-il besoin de le souligner, un dégel effectif dans les relations entre l'Algérie et le Maroc est plus que nécessaire. Sur ce chapitre, Bouteflika et Mohammed VI, lors des deux rencontres qu'ils ont eues en marge de ce Sommet arabe, «auraient convenu de relancer le processus de dégel initialement entamé, avant d'être arrêté sans raisons explicites». Ainsi, la visite qu'avait effectuée Abdelaziz Belkhadem au Maroc sera-t-elle suivie, comme il l'avait lui-même annoncé, par celle à Alger du Premier ministre chérifien, Driss Djettou. Il y sera question, notamment, de la réouverture des frontières. Un sujet qui tient particulièrement à coeur aux Marocains, lesquels perdent la bagatelle d'un milliard de dollars chaque année à cause de la chute du flux commercial et «touristique» entre ces deux pays. Un signe avant-coureur de cette décision, outre l'appel explicite lancé en ce sens par le ministre marocain de l'Intérieur, est bien celui de la reprise des vols réguliers entre ces deux pays. Ces derniers, afin de prévenir l'anarchie qui pourrait résulter d'une ouverture brutale des frontières, devront impérativement mettre en place une politique commune de lutte contre le terrorisme, l'immigration clandestine et le trafic de stupéfiants. L'Europe, intéressée au plus haut point par ces questions, les suit-elle aussi, de très près. C'est pour cette raison, du reste, qu'une autre rencontre a eu lieu mardi soir entre le président Bouteflika, le roi Mohammed VI, le chef de la diplomatie française, Michel Barnier, le Premier ministre espagnol, Jose-Luis Zapatero, et le grand négociateur européen, Javier Solana. Lors de cette rencontre, sur demande expresse de l'Algérie, il n'a nullement été question de la problématique du Sahara occidental. Abdelaziz Belkhadem, qui répondait à cette question à cause de l'appel lancé par Zapatero à partir du Palais des nations, a réitéré la position inébranlable de l'Algérie: «La question du Sahara occidental relève du ressort exclusif des Nations unies, notamment la quatrième commission chargée de la décolonisation.»