Les effets de la réunion de Vienne n'ont pas tardé à se manifester Les cours de l'or noir ont instantanément bondi pour atteindre, jeudi, leur plus haut niveau (plus de 54 dollars) depuis 16 mois avant de demander à souffler hier. La fièvre est retombée sans que le baril ne descende de son nuage. L'effet que devait produire la consécration de l'accord historique d'Alger (le 30 novembre à Vienne) scellé le 28 septembre en marge du 15ème Forum international de l'énergie a été foudroyant. Il a sans doute dépassé toutes les espérances. «Si un accord était trouvé à Vienne (le 30 novembre, Ndlr), le prix du baril pourrait remonter à 60 dollars d'ici la fin de l'année contre moins de 50 actuellement», avait pronostiqué le ministre algérien de l'Energie Nourredine Bouterfa au moment où les tractations étaient à leur comble pour parvenir à un accord qui déboucherait sur une baisse de l'offre de l'Opep qui produirait un électrochoc sur le marché. La cible peut être atteinte dans quelques jours. Avant terme. Le réveil a été fulgurant. Les cours de l'or noir ont instantanément bondi pour atteindre, jeudi, leur plus haut niveau (plus de 54 dollars) depuis 16 mois avant de demander à souffler hier. Vers 12h30 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février affichait 52,89 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, enregistrant une baisse de 1,05 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le contrat de janvier se négociait à 50,23 dollars et se repliait de 83 cents. La mission est cependant loin d'être accomplie puisqu'il reste à faire entrer en vigueur les dispositions annoncées mercredi dernier depuis l'accord «autrichien» et surtout y rallier les pays non Opep qui devront participer à l'effort de réduction de l'offre mondiale pour éponger de manière définitive le surplus d'or noir qui noie le marché qui rend erratique les prix du brut. La Russie a déjà donné l'exemple. Elle a décidé de baisser sa production de 300.000 barils par jour. Le ministre russe de l'Energie a appelé jeudi l'ensemble des compagnies pétrolières russes à participer à égalité à la baisse de production qu'entend appliquer son pays. «La Russie va réduire étape par étape sa production de pétrole de 300.000 barils par jour dans le premier semestre 2017», a indiqué Alexandre Novak, cité par l'agence de presse publique russe Ria Novosti. Cela suffira-t-il pour gommer les traditionnelles incertitudes qui ont déstabilisé le marché? Cela semble être le cas dans l'immédiat. «La confirmation par l'Opep d'un changement dans ses niveaux de production à partir de janvier 2017 a entraîné un fort rebond des cours du pétrole, les cours du brut gagnant environ 7 dollars en deux jours», fait remarquer Jameel Ahmad, analyste chez Fxtm. Qu'en sera-t-il à plus ou moins long terme? «Il reste des incertitudes et des questions sur la capacité des membres de l'Opep à travailler ensemble et à s'entendre avec les pays non-membres, mais le WTI s'installe au-dessus du seuil de 50 dollars et devrait arriver à y rester à moyen terme», estime-t-il. Une sérénité que pourraient chahuter les Américains qui voient dans la décision de l'Opep de baisser sa production une aubaine pour augmenter la leur. «Les compagnies américaines vont (...) sauter sur l'occasion», ont écrit les analystes de Morgan Stanley dans une note publiée au lendemain du 30 novembre. Une menace qui ne semble pas troubler outre mesure les «14». «Bizarrement, quand les ministres du Pétrole (de l'Opep) ont été interrogés sur cette éventualité, ils n'ont pas semblé s'inquiéter», ont-ils ajouté avec étonnement. Le dernier mot reviendra très certainement au marché.