Les soldats syriens dans le village de Mynian L'armée syrienne a construit son étau à partir de la ceinture d'Alep-Est, notamment à Bab al-Hadid et Aqyul, c'est-à-dire toute la partie est de la célèbre Citadelle. L'armée syrienne et ses alliés ont reconquis hier la Vieille Ville d'Alep, coeur historique de la cité, au moment même où la fuite des rebelles, affolés par l'avancée rapide des soldats syriens dans leur ancien bastion, prend des allures de débandade. Cette progression fulgurante s'accompagne désormais d'un exode de la population, longtemps tenue en laisse par les groupes islamistes qui composent l'essentiel des forces hostiles au gouvernement de Damas: 80.000 personnes ont en effet déserté Alep-Est depuis le début, un 15 novembre, de l'offensive du régime. Une offensive qui aura été particulièrement rapide, alors que les factions rebelles s'attendaient à de nouveaux sièges, dans chaque quartier. L'armée syrienne a construit son étau à partir de la ceinture d'Alep-Est, notamment à Bab al-Hadid et Aqyul, c'est-à-dire toute la partie est de la célèbre Citadelle. Au pied de l'imposant édifice médiéval qui fait la fierté d'Alep, se trouve la Vieille Ville, qui aura longtemps servi de centre touristique avec ses innombrables souks, ses hôtels et restaurants, abandonnés et parfois même détruits depuis le début de la guerre. L'armée syrienne, soutenue par des combattants iraniens et libanais (Hezbollah), a également construit son offensive avec l'appui de l'aviation qui a mené d'intenses bombardements des positions rebelles, comme ce fut le cas du quartier d'Al Zabdiya. En prenant possession du quartier de Chaar, le plus important de la ville par son caractère résidentiel aussi bien que par sa situation géographique au coeur d'Alep, elle a scellé le sort des dernières positions rebelles, acculées dans le sud d'Alep-Est et n'ayant d'autre issue que celle de la reddition. Depuis quarante-huit heures, au moins, sur les 250.000 habitants que comptait cette zone aux mains des factions terroristes et rebelles, 80.000 ont réussi à fuir et à gagner Alep-Ouest et les nouvelles zones passées sous contrôle de l'armée syrienne. Alors que la propagande favorable aux factions rebelles et aux organisations terroristes multiplie les litanies sur les victimes civiles dans les dernières poches de résistance, les bombardements de celles-ci ou de la coalition internationale ont fait plusieurs victimes dans un hôpital de campagne russe et plus de 92 civils dont 34 enfants tués au niveau d'Alep-Ouest. Un colonel russe, victime de l'un de ces tirs, a succombé à ses blessures. Rouslan Galitskiï devient ainsi l'un des plus hauts gradés tués en Syrie depuis le début de l'intervention décidée par le président Vladimir Poutine le 30 septembre 2015. Réagissant aux nombreuses suppliques des pays occidentaux qui tentent désespérément de sauver ce qui reste de la rébellion, la Russie a accepté une réunion à Genève pour discuter de l'évacuation d'Alep-Est des quelques milliers d'éléments restants. Mais à force de manoeuvres et de volte-face, cette réunion a volé en éclats avant d'être tenue, les rebelles multipliant les déclarations sur leur aspiration au martyre et Washington soufflant le chaud et le froid pour désarçonner le Kremlin, au point que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé une «provocation» américaine. Nul doute que la rencontre entre John Kerry, le secrétaire d'Etat et lui, qui devrait avoir lieu en marge des réunions annuelles de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce) ne sera pas aussi chaleureuse qu'à l'accoutumée. Kerry a plaidé hier pour une relance des négociations entre «régime et opposition», à condition que le président Assad se soumette aux exigences de l'opposition, c'est-à-dire des pays occidentaux et de leurs alliés du CCG! Réponse de Damas: il n'y aura «aucun cessez-le-feu tant que tous les terroristes n'auront pas quitté Alep-Est». Ceux-ci ont réclamé, subitement, hier un cessez-le-feu immédiat de cinq jours et l'évacuation des civils vers le nord de la province encore aux mains des insurgés. Mieux, ils appellent à des négociations sur l' «avenir de la ville» d'Alep, lorsque la crise humanitaire sera résolue et rejettent le départ en direction d'Idleb au motif que les aviations syrienne et russe poursuivent les bombardements sur cet axe. Un des principaux signataires de cet appel est le groupe Fateh al Cham, ex-Front Al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda qui, avec Jaïch el Islam et la «Brigade des martyrs», compose l'essentiel de la rébellion. Ce qui indique la part réelle du désarroi dans ce qui fut appelé «l'opposition» au gouvernement de Damas, et qui posait, au premier trimestre 2015, de terribles exigences sur la table des pourparlers avec Damas, à Genève.