Les membres de la délégation des 20 repartent à Alger avec un esprit renforcé. Après une pause d'une semaine, due essentiellement à la tenue du Sommet de la Ligue arabe, abrité par notre pays, le dialogue entre la délégation du mouvement citoyen des archs et le chef du gouvernement, représentant de l'Etat, a repris depuis hier avec au menu, cette fois-ci, les revendications démocratiques contenues dans le chapitre trois du document explicitant la plate-forme d'El Kseur. Les membres de la délégation des 20, qui ont eu à rencontrer les citoyens et à se concerter en conclave, repartent à Alger avec un esprit renforcé. L'engouement qu'avaient suscité les sorties sur le terrain, initiées durant la semaine de pause et la confiance qui leur a été renouvelée par l'instance suprême, lors de la réunion ordinaire à Sidi Aïch, dans la wilaya de Béjaïa, sont autant d'indices qui les confortent dans leur démarche. Comment cela pouvait-il en être autrement lorsqu'on sait l'attente dont avait fait preuve la population de Kabylie depuis longtemps. Les acquis arrachés jusque-là par la voie du dialogue ne pouvaient que susciter davantage d'enthousiasme dans une société fortement pénalisée par le jusqu'au-boutisme adopté par les archs, ceux-là qui sont à présent autour de la table des négociations. Après des mois de tergiversations, le dialogue citoyen a fini par comprendre le message que n'a de cesse de délivrer la population par sa démobilisation et le repli sur elle-même. Depuis l'entame du dialogue, les citoyens de Kabylie ne vivent que dans l'espoir de voir d'abord la crise connaître son épilogue, mais aussi son quotidien amélioré. Les acquis palpables, arrachés durant les premiers mois de dialogue, n'ont fait que renforcer la conviction des citoyens quant à la fiabilité de la démarche suivie. Aujourd'hui encore, l'attente est plus grande, sachant que le volet restant à négocier s'articule autour de revendications démocratiques, soit celles qui ont, depuis toujours, animé la région de Kabylie, qui reste, qu'on le veuille ou non, le bastion de la revendication démocratique. L'ordre du jour de la suite du dialogue est d'autant plus important que si les revendications qu'il véhicule arrivent à être satisfaites, cela serait une véritable révolution qui s'opérerait au niveau de la société et de la nation algérienne. «L'abolition de la hogra, la mise sous autorité des instances élues démocratiquement de tous les services de sécurité et l'officialisation de la langue amazighe» sont les points hautement politiques qui accapareront la suite du dialogue. C'est l'essence même de la plate-forme d'El Kseur qui est en débat depuis hier. Tamazight a connu une avancée considérable ces dernières années. Depuis 1995, cette dimension identitaire a fait son entrée dans l'enseignement et la communication. Mais incontestablement, c'est sous la présidence de M.Abdelaziz Bouteflika qu'elle a connu une percée historique devenant langue nationale inscrite en tant que telle dans la Constitution de la République démocratique algérienne. Et c'est à ce titre que se justifie l'espoir grandissant qui anime présentement le simple citoyen. En Kabylie, on est persuadé que le président de la République pourrait aller plus loin en satisfaisant la revendication mise sur la table des discussions archs-gouvernement. La hogra qui s'illustre de plusieurs manières dans notre société, comme le piston, les passe-droits, etc., est appelée à disparaître à tout jamais. Comme le témoignent assez bien les différentes mesures prises depuis quelques années et qui prennent de travers la révision de nombreux textes de lois. Le code de la famille et bien d'autres textes amendés expliquent manifestement la volonté du pouvoir dirigé par Bouteflika de mettre l'Algérie sur l'orbite de la modernité. Il y a enfin l'autorité des instances élues. En dépit de la faiblesse dont a fait preuve la classe politique, le renforcement des prérogatives ns, reste un élément revendiqué pour mettre fin aux défaillances caractérisant la gestion locale justifiée jusque-là par l'absence de pouvoir réel. En tout état de cause, la reprise du dialogue en cours à Alger suscite des attentes tout à fait légitimes au sein de la population. Les deux parties en pourparlers n'ont d'autre choix que de les satisfaire.