Le diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, a reçu mardi dernier à Alger, la « décoration de la gratitude éternelle du Chili » pour avoir aidé beaucoup de Chiliens à fuir la dictature dans leur pays durant les années 70. « Notre présidente, Michèle Bachelet, a voulu reconnaître cette générosité d'avoir œuvré en faveur du Chili. Nous vous serons toujours reconnaissants, et à travers vous, à tous les Algériens qui ont accueilli, à bras ouverts, les Chiliens », a indiqué, lors de la cérémonie de remise de cette décoration, l'ambassadeur du Chili en Algérie, Mme Marcia Covarrubias. Mme Covarrubia a qualifié, à cette occasion, Brahimi de « diplomate chevronné », « infatigable chercheur de la paix » et personnalité « d'une extrême modestie », ajoutant que le « seul énoncé de son parcours suffit à mettre en valeur son dévouement à la cause de la paix et à celle de son pays. » Elle a relevé que du temps où Brahimi était ambassadeur d'Algérie au Royaume-Uni, il avait aidé beaucoup de Chiliens à « échapper à la dictature » de leur pays et ainsi venir s'installer en Algérie. Mme Covarrubia a rappelé, dans ce sillage, la « précieuse contribution » du défunt ministre des Affaires étrangères, Mohamed Seddik Benyahia, et avant lui du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et de Lakhdar Brahimi, pour l'établissement d'un bureau de la résistance chilienne en Algérie. De son côté, Brahimi a indiqué que sa contribution en faveur des Chiliens était une « action très modeste » au plan personnel, soulignant que cette reconnaissance était un « hommage à l'Algérie, qui avait effectivement beaucoup fait » pour l'émancipation des peuples. « J'étais l'un des Algériens qui avaient essayé de soutenir la lutte du peuple chilien, pendant des moments très difficiles », a-t-il dit. « Nous sommes très fiers que notre pays ait apporté une petite contribution pour la fin de la dictature et au retour de la démocratie au Chili », a-t-il souligné, ajoutant que maintenant le Chili est une « démocratie stable », qui a, à sa tête, une « dame remarquable ». Evoquant le défunt président chilien, Salvador Alende, assassiné en 1973, Brahimi a révélé que les présidents Houari Boumediene, Fidel Castro et Tito lui avaient proposé, quelque jours avant sa mort, de venir assister en Algérie à une conférence des Pays non alignés pour échapper ainsi à une « mort certaine », proposition que le défunt avait déclinée, « préférant rester avec son peuple ». Né en 1934 à El Azizia (Médéa), Lakhdar Brahimi a rejoint le Front de libération nationale (FLN), alors qu'il était étudiant à Paris. Il était chargé de représenter le FLN dans la région sud-est de l'Asie durant cinq années. Après l'indépendance, Brahimi est devenu notamment représentant permanent de l'Algérie auprès de la Ligue arabe, ensuite ambassadeur en Egypte, au Soudan, puis conseiller diplomatique du président de la République. Brahimi avait occupé également le poste de ministre des Affaires étrangères, secrétaire général adjoint de la Ligue arabe et envoyé spécial de la tripartite de la Ligue arabe pour le Liban. Et c'est grâce à son talent de négociateur que l'accord de Taif avait été conclu, mettant fin ainsi à la guerre civile au Liban. Brahimi a rejoint l'Organisation des Nations unies (ONU), où il avait occupé plusieurs postes, dont représentant spécial du secrétaire général de l'ONU à Haïti, en Afghanistan et en Irak, et envoyé spécial du secrétaire général au Congo, au Cameroun, au Yémen, au Burundi, en Angola, au Liberia, au Nigeria, au Soudan et en Côte d'Ivoire. Il a travaillé également comme médiateur commun de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie de 2012 à 2014.