L'armée syrienne à l'heure de la victoire Les troupes syriennes liquident les «dernières poches de résistance» à Alep, affirme l'armée russe. Et à Tokyo, Poutine a indiqué que «des négociations intenses sont en cours avec les représentants de l'opposition armée, notamment grâce à la médiation de la Turquie...» La bataille d'Alep-Est est pratiquement achevée, si l'on en juge par le communiqué de l'état-major de l'armée russe. Celui-ci a annoncé hier que l'armée syrienne s'emploie à «liquider les dernières poches de résistance rebelle» dans la partie Est de la seconde ville du pays, sur le point d'être entièrement reprise en main par le gouvernement de Damas.»L'opération de libération des quartiers est d'Alep sous contrôle des combattants par l'armée syrienne est terminée. Les troupes gouvernementales liquident les dernières poches de résistance des radicaux», a donc indiqué l'armée russe alors que la situation semblait calme dans la journée, les bruits des armes lourdes et légères s'étant beaucoup estompés. L'évacuation des civils, majoritairement des familles retenues en otage par les factions terroristes comme Fateh al Cham (ex-Front al Nosra), est également achevée et les commandements syrien et russe estiment que seuls les combattants radicalisés, c'est-à-dire appartenant aux groupes prétendument jihadistes, occupent encore certains quartiers. Une certitude, l'opération d'évacuation un temps suspendue va se poursuivre encore quelques heures, voire même quelques jours, afin de mettre à l'abri les quelque 5000 rebelles désireux de quitter Alep-Est et leurs familles, soit environ 45.000 personnes. Dans ce contexte caractérisé par une bronca assourdissante des puissances occidentales qui tentent de diaboliser la victoire russo-syrienne et par-là même d'atténuer l'ampleur de leur cuisante défaite, la dernière sortie du président Vladimir Poutine dévoile d'ores et déjà le programme de l'après-Alep. Pour le maître du Kremlin, la prochaine étape pour la Syrie va consister à imposer un cessez-le-feu sur l'ensemble du territoire». En marge d'une visite à Tokyo, Poutine a en effet indiqué que «des négociations intenses sont en cours avec les représentants de l'opposition armée, notamment grâce à la médiation de la Turquie...» «Nous nous sommes mis d'accord lors d'un entretien téléphonique avec M.Erdogan (le président turc Recep Tayyip Erdogan) pour proposer aux différentes parties du conflit un nouveau terrain pour des pourparlers de paix. Cela pourrait être la capitale du Kazakhstan, Astana», a même précisé le chef d'Etat russe, allié déterminant du président Bachar al-Assad. Un conflit complexe Il se trouve qu'Astana a déjà abrité des rencontres entre des représentants du gouvernement syrien et des personnalités de l'opposition non impliquées avec les organisations terroristes. De son côté, le représentant de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, a plaidé devant le Conseil de sécurité pour un éventuel déploiement d'observateurs internationaux chargés de suivre les opérations d'évacuation des civils et des rebelles ayant choisi de quitter leur base un mois après le déclenchement de l'offensive de l'armée syrienne. Conscient de l'importance éminemment stratégique d'Alep, le président Bachar al Assad a déclaré que les Syriens «écrivaient l'histoire avec cette libération» de la seconde ville du pays. Fort de l'appui décisif que la Russie, l'Iran et le Hezbollah lui ont apporté à un moment crucial, la Syrie est parvenue non seulement à retourner une situation quelque peu compromise, mais elle peut aujourd'hui envisager, le plus sereinement du reste, de poursuivre son offensive en direction d'Idleb, voire Raqqa. L'intervention russe, décidée par le président Poutine en septembre 2015 alors que les factions rebelles et terroristes commençaient à lorgner et même à s'agiter du côté de la base maritime de Tartous, menaçant les intérêts de la flotte russe dans la région, a radicalement changé la donne même si le conflit reste encore complexe, avec l'engagement de multiples belligérants soutenus par des parties prenantes régionales et internationales. L'armée syrienne peut savourer désormais sa plus importante victoire depuis le début de la guerre en 2011, Alep étant de l'avis unanime des experts et des observateurs un «tournant» majeur dans le dénouement du conflit. Et pour cause. Pays occidentaux et envoyé spécial de l'ONU appellent de leurs voeux la reprise des «négociations» entre Damas et «l'opposition» qui, deux ans auparavant, tonnait et menaçait la délégation gouvernementale lors des rencontres informelles de Genève. Parce qu'ils savent pertinemment que la province et la ville d'Idleb, où partent actuellement se réfugier les rebelles expulsés d'Alep, va très probablement être la prochaine cible de l'armée syrienne et de ses alliés russe, iranien et libanais (Hezbollah). Il s'agit en effet de la toute dernière place forte de la rébellion qui, appuyée par les groupes terroristes tels que Al Nosra ou Jounoud el Islam, n'a d'autre espoir désormais que celui d'arracher un cessez-le-feu et un accord politique, deux aspirations catégoriquement rejetées par Damas. La voix de l'Algérie Après Alep, la prochaine étape sera donc bel et bien, comme le redoutent les parrains internationaux des groupes rebelles et terroristes, la reprise d'Idleb. Damas s'y préparait déjà depuis plusieurs mois. On se souvient des réunions en 2011 de la Ligue arabe et des interventions incendiaires des représentants des pays du Golfe, déterminés à chasser la Syrie de cette organisation. Des menaces explicites avaient même été proférées à l'encontre du ministre algérien des Affaires étrangères, mais la position de l'Algérie découlant des principes immuables qui fondent sa doctrine diplomatique est demeurée constante et ferme. Le respect de l'intégrité et de la souveraineté de la Syrie ne sont pas négociables pas plus que le rejet de toute forme d'intervention étrangère. On a d'ailleurs bien vu ce que cette ingérence violente, pour ne pas dire extrêmement meurtrière, a engendré comme dégâts en Irak et en Libye. Aux peuples irakien et libyen, comme aussi au peuple syrien, les pêcheurs en eaux troubles promettaient monts et merveilles, la démocratie, le boom économique et autres appâts innommables. Les résultats, on les connaît. Et c'est forte de son expérience accumulée au gré de plus d'un siècle de résistance acharnée contre l'oppression et l'asservissement que l'Algérie a maintenu le cap contre vents et marées, convaincue que le temps viendra tôt ou tard pour dire où se situe la raison. Et le temps semble venu pour panser les blessures de tant de peuples qui aspirent à la paix et à la sécurité, conditions incontournables du développement, avant tout autre chose. Erdogan discute avec Poutine, Merkel et Obama Le président turc, Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu de la situation à Alep avec son homologue russe Vladimir Poutine, la chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Barack Obama. «Pendant le cessez-le-feu à Alep et l'opération d'évacuation j'ai d'abord parlé plusieurs fois avec M. Poutine», a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse commune avec son homologue slovène, Borut Pahor. Il a précisé avoir aussi discuté avec la chancelière allemande Angela Merkel des moyens d'aider la population de la ville du nord de la Syrie. «Ils (l'Allemagne) ont dit être prêts à participer de toutes les façons possibles en ce qui concerne l'aide humanitaire», a indiqué M. Erdogan. Il a ajouté avoir auparavant «longuement parlé» au président Obama, de la Syrie mais aussi de l'Irak. M. Erdogan a ajouté qu'environ 1.150 civils et blessés avaient été évacués des quartiers rebelles à l'est d'Alep et étaient arrivés dans la province voisine d'Idleb, la dernière place forte de la rébellion.