Ce troisième attentat intervient justement au moment où les troupes syriennes poursuivent leur retrait du Liban. Un attentat s'est produit samedi soir, à la veille de la fête de Pâques, dans un quartier chrétien de Beyrouth, faisant deux morts et huit blessés et provoquant de très gros dégâts matériels et plusieurs incendies. C'est le troisième attentat en une semaine et le quatrième après celui qui avait coûté la vie à l'ex-Premier ministre libanais Rafik Hariri et 14 autres personnes. Cinq immeubles de plusieurs étages étaient ravagés par des incendies particulièrement violents. Un bâtiment présentait une façade complètement éventrée. Des dizaines d'usines et d'ateliers, dont plusieurs recèlent des matières inflammables, sont situées dans ce secteur, selon des habitants. Ce qui laissait dégager une odeur de produits chimiques. Trois heures après l'explosion, les incendies étaient presque entièrement maîtrisés, a indiqué le directeur de la Défense civile. Les habitants de Beyrouth qui ont renoué avec le climat de la guerre civile craignent le pire, d'autant plus que les services de sécurité libanais affirment ne pas pouvoir maîtriser la situation sécuritaire, après notamment le retrait de l'armée syrienne. Ce troisième attentat intervient justement au moment où les troupes syriennes poursuivent leur retrait du Liban. Dans la nuit de samedi à dimanche, un convoi de 25 véhicules - cinq transportant des troupes, trois camions remorquant l'artillerie et des camions militaires chargés de soldats, d'équipements, de matériel et de munitions - évacuait des positions situées sur les hauteurs autour de Chtaura et se dirigeait vers la frontière syrienne. Aussitôt l'attentat perpétré, l'un des principaux chefs de l'opposition libanaise antisyrienne, Walid Joumblatt, a déclaré que les «services» de sécurité libanais étaient de l'attentat. «Il s'agit de provocations contre la paix civile. Un nouveau pouvoir est désormais absolument nécessaire afin qu'il tienne les choses en mains. Le pouvoir actuel qui s'effondre tente de se défendre par ces moyens terroristes», a-t-il affirmé. Il est utile de préciser que ce nouvel attentat intervient alors que les autorités libanaises ont accepté samedi sans condition, de coopérer avec une commission d'enquête de l'Onu sur l'assassinat, le 14 février, de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. Le président Emile Lahoud, qui avait dans un premier temps rejeté une telle éventualité, s'est engagé à coopérer avec l'Onu, «quelle que soit la formule adoptée par l'Organisation internationale», pour faire la vérité sur l'attentat. La volte-face des autorités intervient moins de 48 heures après la publication du rapport de la mission de l'Onu, jugé «dévastateur» vis-à-vis des services de sécurité libanais, et qui fait état de menaces du président syrien Bachar Al-Assad contre Hariri et l'actuel chef de l'opposition Walid Joumblatt. Ce dernier a ouvertement accusé samedi soir les «services» de sécurité libanais d'être «responsables par action ou par omission» du nouvel attentat. Il a de nouveau réclamé le limogeage des chefs de ces services, son leitmotiv depuis la mort de Hariri. Le Premier ministre Omar Karamé, reconduit dans ses fonctions le 10 mars, s'entête à vouloir former un cabinet d'«entente nationale», rejeté par l'opposition qui refuse le dialogue avec le régime pro-syrien en place, l'accusant d'être responsable de l'assassinat de l'ancien Premier ministre. A qui profiterait donc cette série d'attentats? Sans doute, à Israël qui veut, à travers le retrait de l'armée syrienne, isoler le Hezbollah. D'ailleurs, en exigeant le désarmement de ce mouvement armé, Israël ne vise, en réalité, qu'à parachever l'opération de démantèlement de tous les groupes de résistance au Proche-Orient, après notamment la liquidation des chefs du mouvement Hamas, Cheikh Yassine et Al Rantissi.