Khaled Abol Naga Khaled Abol Naga qui a souligné, alors qu'on lui rendait hommage, l'importance de la diffusion et coproduction des films arabes dans les pays arabes, a évoqué son expérience dans le film Ouyoun El Haramiya où il a joué aux côtés de Souad Massi, tout en appelant à renouveler l'expérience avec l'Algérie. Invité à la première édition des Rencontres cinématographiques de Hassi Messaoud destinées aux films qui concouraient aux Oscars (la short-list a été dévoilée cette semaine et tous les films arabes proposés ici ont été écartés de la compétition, Ndlr), le célèbre acteur égyptien et producteur engagé Kahled Abol Naga a été honoré lors de la soirée d'ouverture pour sa longue et riche carrière, avant de s'envoler immédiatement le lendemain pour Le Caire. Lors d'un point de presse organisé de façon spontanée, l'acteur de Microphone et la villa 69 qui revient du festival de Gabès, s'est dit heureux qu'il y ait ce genre de manifestation souhaitant que cela puisse se renouveler même dans les petites villes du pays car dira t-il «ces dernières sont souvent marginalisées ou ignorées culturellement donc j'encourage ce genre d'initiative car le meilleur moyen et instrument pour combattre l'intégrisme et l' obscurantisme est la culture, le cinéma, la musique, l'art en général et les premiers à combattre le terrorisme devraient être les artistes. Si on veut vraiment être à la tête du changement». Avouant ne pas trop s'intéresser à la fête des Oscars car «elle ne donne pas de Prix du meilleur acteur et concerne surtout le cinéma américain» néanmoins, fera-t-il remarquer «ça reste un bon baromètre pour évaluer aussi le niveau du cinéma arabe, donc c'est très bien que cela existe». Ajoutant un bémol concernant l'absence du cinéma arabe dans les salles du monde, Khaled Abol Naga reconnaîtra d'abord que l'accès du cinéma arabe aux Oscars est très difficile car cet événement n'est pas un festival composé d'un jury qui récompense le meilleur film. «L'autorité des Oscars est basée sur le vote et aucun film ne peut être sélectionné sans qu'il ne soit vu par ceux qui le plébiscitent. Pour ce faire, il faut que le producteur, ou l'Etat ou le gouvernement de ce pays fasse en sorte que le film puisse être vu aux USA notamment par les votants. Ces films arabes sont proposés aux Oscars mais personne ne les voit... Ceux qui gagnent en général ce sont ceux qui ont bien saisi ce mécanisme et ce système surtout. Pour le reste, il faut savoir prendre conscience de l'importance de nos films et faire en sorte de les promouvoir à temps». Au-delà de la nécessité de la production, Khaled Abol Naga a souligné l'importance de la diffusion des films arabes dans les pays arabes. Saluant son expérience de coproduction internationale, notamment sur le film Ouyoun El Haramiya qui a réuni outre la comédienne algérienne Souad Massi, une équipe technique européenne, l'acteur du long métrage Décor a souhaité renouveler l'expérience algérienne. Avouant que malgré le fait que ce film soit d'emblée commercial, il regrettera qu'il n'ait pas bénéficié suffisamment de diffusion en Egypte et dans le monde. «Ahmed Rachedi l'a bien dit, qu'on se le dise! il n'existe pas vraiment de cinéma arabe. Les films algériens ne sont pas vus au Caire car les distributeurs prétextent le problème de la langue. Nous avons réellement besoin d'une université arabe qui appelle à la coproduction et la codistribution arabes. Les distributeurs dans nos pays arabes sont frileux, voila pourquoi je dis qu'il y a un gros problème de distribution des films arabes dans nos pays arabes. Pour le résoudre? Il faut une union générale arabe de la distribution, quitte à ce que tous ces pays participent avec des petites subventions symboliques et cela se passe avec le système du quota. Comme cela existe en Europe. En Algérie il n'y a même pas de loi qui protège les films algériens qui passent à la télé cela ne peut se concrétiser sans une réelle volonté politique». Sans vouloir rentrer dans les détails et évitant la polémique Khaled Abol Naga n'a pas voulu expliquer les raisons qui ont poussé le festival de Dubaï récemment à retirer le film Le vendeur de pomme de terre de sa programmation, en dépit du fait qu'il ait été sélectionné. «Je suis un enfant de Dubaï et je le soutiens depuis le début et je ne veux pas lui porter préjudice. Ahmed Rochdi est un jeune réalisateur. C'est sa première projection mondiale, il ne voulait pas s'attirer des ennuis c'est pourquoi on a trouvé un arrangement avec l'administration du festival et comme on dit, seul l'amour au final, demeurera.» Enfin, s'agissant des campagnes calomnieuses dont il a été victime en 2015, en raison des divergences d'opinions politiques qui le séparent notamment des autres courants idéologiques, Kahled Abol Naga nous a avoué: «Je ne sais pas si les choses ont changé réellement. Je pense hélas que la situation reste la même. Les campagnes médiatiques contre toute personne qui a un avis différent sur les systèmes malfaisants demeurent encore ici et la. Et moi à chaque fois je prends un avocat pour me défendre et j'espère qu'un jour on gagnera toutes ses affaires et grâce à cet argent on fera avec des films!»