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«La résistance se fait aussi à travers l'attachement à la vie»
Najwa Najjar. Cinéaste palestinienne
Publié dans El Watan le 16 - 12 - 2014

Najwa Najjar est à Alger pour la présentation de son dernier film, Ouyoun El Haramia (Eyes of a thief ). Le long métrage, une co-production algéro-palestinienne, a été projeté dimanche soir à la salle El Mougar, à l'occasion du 5e Festival international du cinéma d'Alger (FICA). Ouyoun El Haramia s'inspire d'un fait réel pour évoquer la société palestinienne actuelle déchirée entre le désir de vivre et les enchaînements de l'armée israélienne. La chanteuse franco-algérienne, Souad Massi, joue le rôle de Lila, alors que l'acteur égyptien Khaled Abou Nagga incarne le personnage de Tarek, celui qui sort de prison après dix ans de détention et qui part à la recherche de sa fille à Naplouse.
- Visiblement, vous n'avez pas cherché dans Ouyoun El Haramia à raconter l'histoire du sniper palestinien qui a défrayé la chronique en 2002 ?
Ouyoun El Haramia, qui n'est pas un documentaire, est un film inspiré de l'affaire de 2002. La situation dans les territoires palestiniens va de mal en pis. Je ne vois aucun espoir. Et quand il n'y a plus d'espoir, c'est pour moi un problème. Par le passé, l'Algérie, qui a résisté à une occupation dure, a permis de croire à l'espoir puisque l'indépendance a été finalement arrachée par le peuple algérien. Cette histoire de Tarek est donc venue au moment où il n'y avait presque rien.
Le jeune homme aurait pu tuer une femme colon, mais ne l'a pas fait (au barrage militaire d'Ouyoun El Haramia dans la région de Naplouse). Au procès, cette femme a témoigné en faveur du Palestinien disant qu'il n'était pas «un terroriste», mais un prisonnier de guerre puisqu'il n'a pas tiré sur un civil mais sur des soldats.
Le jeune homme n'appartenait ni au Hamas, ni au Fatah, ni au Djihad. Il a assumé un acte nationaliste. En 2002, nous connaissions mieux l'ennemi. Aujourd'hui, on ne le sait presque plus. Beaucoup de phénomènes sont apparus, provoqués par l'occupation. Mais, après tout, c'est d'abord une histoire humaine : des femmes qui travaillent ensemble dans un atelier de confection, des hommes qui discutent au café…
- Pourquoi le choix de Khaled Abou Naga et Souad Massi pour les premiers rôles ?
Et pourquoi pas ! Il n'y a pas de règles. Il me fallait trouver tous les éléments servant au mieux le film. En territoires palestiniens, nous n'avons pas toujours les moyens de faire venir un comédien égyptien pour le tournage d'un film. C'est la première fois que cela arrive. Khaled Abou Naga est un bon acteur, dynamique et persuasif. J'adore ce qu'il fait...
- Et pour Souad Massi ? C'est sa première expérience au cinéma...
Souad est une amie très proche. Elle a la capacité de se mettre debout devant 10 000 personnes et les convaincre. J'ai aimé l'interprétation de Souad pour le rôle de Lila. C'est ce que je voulais en fait. Elle dégage un certain esprit, quelque chose de particulier... J'étais heureuse que Souad et Khaled acceptent leurs rôles et jouent avec des Palestiniens et en territoires palestiniens. Souad Massi a préparé trois chansons pour le film. J'ai pris aussi des extraits de chansons de Tunisie, d'Algérie, d'Egypte, de Syrie, de la Palestine... Je voulais que la nation arabe soit présente dans le film à travers le chant.
- Qu'en était-il des conditions de tournage ?
La difficulté, toujours la même, est qu'on ne sait pas comment l'occupation réagit sur le terrain. Parfois, on nous laisse travailler, et parfois on nous empêche de le faire.
- Dans Ouyoun El Haramia, il y a un plaidoyer pour la vie. Est-il possible de vivre lorsque la liberté est mise entre parenthèses ?
Résister à l'occupation n'exclut pas la vie. La résistance se fait aussi à travers l'attachement à la vie. Il y a toujours de l'amour, de la gaieté, de l'espoir. Les gens préparent des plats, font des fêtes, évoquent les deuils...Sauf que nous demandons de vivre avec dignité. Il est impossible de vivre sans terre, sans eau, sans dignité. D'où l'évocation de la question de l'eau dans le film.
- Il y a aussi la trahison à travers le personnage de Adel (patron de Tarek dans le film) ?
Dans toutes les révolutions dans le monde, il y a des trahisons. La trahison fait partie des maux provoqués par l'occupation. Adel n'est pas un personnage noir. C'est un personnage gris. Personne n'est tout blanc ou tout noir. Adel pensait faire du bien au pays...
- Pas de Hamas, pas de Djihad, pas de Fatah... Najwa Najjar semble en colère par rapport à la division du rang palestinien, entre Ghaza et Ramallah... Le personnage de Tarek n'a pas de parti...
La question essentielle, au-delà de Tarek qui n'avait pas de courant politique, est de savoir ceci : qui souffre réellement de l'occupation ? D'abord des êtres humains. Si on avait donné à Tarek une couleur politique, on lui aurait enlevé sa dimension humaine, ses sentiments, ses émotions. C'est l'idée de base du film. Cela ne veut pas dire que le Fatah ou le Hamas ne font rien.
- Le film a été projeté à Ramallah et El Qods ; comment a-t-il été reçu par le public ?
A El Qods, et pendant une semaine, la salle était archicomble pendant la projection. Idem à Ramallah, entre 700 à 800 spectateurs chaque soir. Certains spectateurs s'attendaient à voir un documentaire sur l'opération de Ouyoun El Haramia. Ils ont vu une fiction.
- S'il fallait faire une comparaison avec El Mor Oua Romane (Le Myrrhe et les grenades, premier film de Najwa Najjar sorti en 2009)...
Chaque film est une expérience à part. El mor oua Romane é été réalisé pendant une période particulière de ma vie. Je continue de chercher l'espoir. Lorsqu'on est dos au mur, on ne peut pas aller loin. Quoi faire ? En tant que Palestiniens, nous sommes dans cette situation. Que se passera-t-il après ?
- Parlez-nous de cette expérience de co-production avec l'Algérie (à travers l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, AARC)...
Ouyoun El Haramia est à la base une co-production algéro-palestinienne. Nous avons reçu des contributions de Jordanie, d'Islande, de France, du Qatar et des Emirats. El Watania, la société de téléphonie mobile, nous a soutenus aussi. Comme nous avons également reçu des aides de particuliers.
Ce soutien financier nous a donné plus de liberté dans la réalisation du film. Le fait que l'Algérie finance mon film est un honneur pour moi. Nous avons besoin du soutien moral. Et nous sentons que les Algériens adorent les Palestiniens. Nous n'oublierons jamais la phrase : «Avec la Palestine, oppresseur ou opprimée !» (Maâ Falestine, dhalima aw madhlouma !). C'est la preuve que les Algériens ont des principes, croient en la Palestine. La cause palestinienne doit revenir au cœur de la nation arabe
- Le film est en course pour les oscars. Un pronostic ?
Pas de pronostic. C'est déjà une prouesse de faire venir aux Etats-Unis et au monde entier un film qui évoque la résistance des Palestiniens. Ce genre de fictions ne sont généralement pas acceptées.


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