Un public nombreux à la prestigieuse salle de l'opéra d'Alger Instrument noble jusque-là présent que dans les orchestres orientaux, il peut parfaitement figurer dans des ambiances jazz. L'Ensemble, l'irakien Omar Zyad, l'Orchestre régional d'Alger de musique andalouse et Abdelmoumen Abderrahim du Maroc ont animé à Alger la soirée de vendredi du 11e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes (FestivAlgérie), dans une ambiance onirique. Le public nombreux de la prestigieuse salle de l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh a pu apprécier divers genres musicaux menés avec brio, trois heures et demie durant, par des instrumentistes chevronnés qui ont permis le voyage dans l'univers attrayant de différents terroirs culturels. Représentant l'Irak, Omar Zyad Hikmat au qanun, accompagné par Ahmed Finjam à la contrebasse et Mustapha Sabaâ à la percussion a embarqué l'assistance dans les méandres mélodieux des «maqamet» et les cadences apaisantes des «mouwachahs» dans une belle fusion des genres algérien, irakien et égyptien. Le qanuni, brillant de technique et de maîtrise a rendu une prestation pleine dans une interprétation à deux pupitres, accompagnant en arpège la mélodie avec un doigté impressionnant d'agilité, au-delà du soutien rythmique de la contrebasse et de la percussion. Ouvrant de nouveaux champs féconds à l'interprétation, Omar Zyad Hikmat a livré une véritable démonstration, apportant la preuve que le qanun, instrument noble jusque-là présent que dans les orchestres orientaux, pouvait parfaitement figurer dans des ambiances jazz et de musiques du monde. Parmi les pièces interprétées par le qanuni irakien, «Chellalet», ainsi que deux de ses compositions, «Baghdad kama araha» (Baghdad telle que je la vois) et «Galgamech» pour clore, dans des atmosphères de grands spectacles, avec la reprise de «Allô, Allô» d'El Hachemi Guerouabi, «Ya Rayeh» de Dahmane El Harrachi et «Abdelkader ya Boualem» de Rachid Taha et Khaled Hadj Brahim. Trois courts passages en solo, de Hana Boukhris de Tunisie, Youssef Kassimi Alami du Maroc et Ahmed Hosein El Sheikh de Syrie, participants aux ateliers de formation accompagnant le 2e Symposium du qanun, ont ensuite succédé à la première partie, interprétant «Fakkarouni» de l'Astre de l'Orient Oum Kalthoum, «Touchiyet Istihlel» du patrimoine andalou marocain et «Nostalgia» du compositeur grec Yanni respectivement. L'Orchestre régional d'Alger de musique andalouse et sa vingtaine d'instrumentistes dirigés d'une main de maître par Cheikh Mokdad Zerrouk a offert à l'assistance un florilège de pièces du patrimoine, interprétées par le violoniste et directeur artistique de l'Association culturelle «Mezghena», Kamel Belkhodja auquel un hommage a été rendu dans une ambiance relevée. Dans le mode «Araq» / «Ghrib», l'Orchestre régional d'Alger, longtemps applaudi par le public, a rendu une nouba sans le mouvement M'ceddar, interprétant les pièces, «Tidkaroukoum Indi», «Ya mouqabil», «Ya Saâten Haniya», «Ya hadjiri law zortani», «Billah Ahwar», «Kaliftou bi badri» et «Kadriya Araq». Chanteur libre, Abderrahim Abdelmoumen du Maroc est intervenu en fin de soirée avec un répertoire de pièces dans le genre soufi, soutenu par un orchestre de six musiciens qui ont fait bonne impression dans des rythmes ternaires envoûtant et festifs, à l'usage de la tradition marocaine. L'exploitation intelligente du contre temps donnant lieu à un balancement rythmique incitant au déhanchement et la division des notes mélodiques en croches a donné de l'entrain à la prestation marocaine, aux textes invitant à la méditation. Parmi les chants rendus par Abderrahim Abdelmoumen «La Ilaha Illa Allah», ou encore «El Horm Ya R'soul Allah», avant de prier la chanteuse andalouse Lila Borsali, présente dans la salle en spectatrice et agréablement surprise, de le rejoindre pour enchanter l'assistance -qui l'a gratifiée d'une standing ovation-, avec sa voix suave dans des pièces interprétées en duo. Ravis de leur présence en Algérie, Abderrahim Abdelmoumen et ses musiciens ont entonné, à l'issue de leur remarquable prestation, l'Hymne national algérien devant un public debout. Le 11e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes (FestivAlgérie) se poursuit avec au programme de la journée de samedi l'Ensemble azéri «Buta», l'Association de musique andalouse «Dar El Ghernatia» d'Algérie et le chanteur tunisien Abdallah Dhaouadi.