Sonorités n L'Ensemble Chérif Nasri de Constantine, Salim Fergani et le Groupe marocain du patrimoine de la musique sacrée ont animé jeudi à Alger, le dernier soir — avant la date prévue —, du 10e «Festivalgerie», devant un public nombreux et recueilli. Initialement prévu jusqu'au 26 décembre, le 10e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes «Festivalgerie», à l'instar de toutes les autres manifestations culturelles en cours, a fermé ses portes pour cause de deuil national de huit jours, décrété suite au décès mercredi de l'homme historique du mouvement national et de la Révolution algérienne, feu Hocine Aït Ahmed. Le jeune Mohamed-Chérif Nasri (28 ans), à la direction de l'ensemble éponyme de Constantine, a débuté la soirée avec des «M'Cheghlet» (extraits) dans le mode R'Haoui, étalant les pièces, Ya saqi weski habibi et Selli houmoumek, avant d'enchaîner Raïsset lemlah (Hawzi) du grand poète tlemcénien Bensahla. Le chef d'orchestre au luth, soutenu par une dizaine d'instrumentistes, a ensuite interprété quelques pièces du «Mahdjouz» (répertoire), préludant sa deuxième partie avec Nar lemhabba lahba qwiya, dans une ambiance familiale au regard du public présent. Soutenu par huit musiciens dont son frère Rachid aux timbalettes (nakarates), Salim Fergani, très attendu par le public a ensuite rejoint la scène, avec dans ses partitions, un répertoire dans le genre «Madih». Les sonorités à dominance aiguë données par les violons et le nay (flûte) et la densité du jeu des percussions ornées de frissonnements du Tar (tambourin), ont indéniablement rappelé le genre constantinois.Très applaudi par l'assistance, Salim Fergani a confié à l'APS, qu'une «Anthologie de la musique constantinoise contenant le genre malouf et ses dérivés dans toutes les noubas, rassemblant également l'ensemble de sa carrière devrait sortir en janvier 2016». Le Groupe marocain du patrimoine de la musique sacrée, dirigé par El-Hassouni Tarek, a clos la soirée et le 10e Festivalgerie avec un répertoire composé de chansons soufie, andalouse dans le genre Gharnati et El-Ala, ainsi que dans le Malhoun et le Madih. Les rythmes emballants et les envolées des instrumentistes, saccadant leurs jeux avec les temps forts des mesures, ont incité le public qui s'est délecté, au déhanchement. Auparavant et en début de soirée Chemseddine Djebbassi, se présentant seul sur scène a interprété Qaçentina oum el hawadher (Constantine, mère des civilisations), une pièce dont il a écrit le texte et composé la musique et qu'il a chantée en play back (orchestration enregistrée), soutenu par une projection de photos sur la beauté de la ville des ponts suspendus. Autre intervention remarquée, celle du qanuni irakien Omar Zeyed, venu apporter un écho du Symposium international du Qanun, organisé par Mohamed Saâdaoui. Programmé avant la prestation de Salim Fergani, le virtuose irakien, bien inspiré, a interprété des «Taqassims», avant de jouer Koum tara et Ya rayeh du regretté Dahmane El-Harrachi, suscitant du bon répondant chez le public. Le 10e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes Festivalgerie, ouvert le 20 décembre dernier à la salle Ibn Zeïdoun de l'Office Riadh El-Feth a pris fin jeudi après cinq jours de prestations.