L'Ensemble Chérif Nasri de Constantine, Salim Fergani et le Groupe marocain du patrimoine de la musique sacrée ont animé, jeudi dernier à Alger, le dernier soir du 10e « Festivalgerie », devant un public nombreux et recueilli. Initialement prévu jusqu'au 26 décembre, le 10e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes « Festivalgerie », à l'instar de toutes les autres manifestations culturelles en cours, a fermé ses portes pour cause de deuil national, décrété suite au décès du moudjahid Hocine Aït Ahmed. Le jeune Mohamed Chérif Nasri, à la direction de l'ensemble éponyme de Constantine, a débuté la soirée avec des « M'Cheghlet » (extraits) dans le mode R'Haoui, étalant les pièces Ya saqi weski habibi et Selli houmoumek, avant d'enchaîner Raïsset lemlah (Hawzi) du grand poète Bensahla. Le chef d'orchestre au luth, soutenu par une dizaine d'instrumentistes a, ensuite, interprété quelques pièces du « Mahdjouz » (répertoire). L'Ensemble Chérif Nasri, 1er Prix au dernier Festival national du Malouf et auteur d'un premier CD dans le genre Hawzi, est « en projet d'enregistrement d'un deuxième CD dans le genre "El Djed" (madih) », a déclaré le chef d'orchestre. Soutenu par huit musiciens dont son frère Rachid aux timbalettes (nakarates), Salim Fergani, très attendu par le public, a ensuite rejoint la scène, avec dans ses partitions un répertoire dans le genre « Madih » pour célébrer la fête du Mawlid Ennabaoui Ech'Charif. Le fils du grand maître El Hadj Tahar Fergani a entonné, avec une voix pleine de présence, au timbre identifiant, Zed Ennabi wefrahna bih, Tal laâdab biya (hawzi) et Waâlach tekkedbou wetkoulou fi ghaybati (mahdjouz). Les sonorités à dominance aiguë données par les violons et le nay (flûte) et la densité du jeu des percussions ornées de frissonnements du Tar (tambourin), ont indéniablement rappelé le genre constantinois. Très applaudi par l'assistance, Salim Fergani a confié qu'une « anthologie de la musique constantinoise contenant le genre malouf et ses dérivés dans toutes les noubas, rassemblant également l'ensemble de sa carrière, devrait sortir en janvier 2016 ». Rythmes emballants Le Groupe marocain du patrimoine de la musique sacrée, dirigé par El Hassouni Tarek, a clos la soirée avec un répertoire de circonstance, dédié à la fête du « Mouloud », composé de chansons soufies, andalouses dans le genre Gharnati et El Ala, ainsi que dans le Malhoun et le Madih. Les neuf instrumentistes, dont le chanteur Zakaria Tahiri, ont déployé, en deux parties, les pièces Talaâ el badrou âalayna, Saaltou Rabbi (j'ai imploré Dieu), Min hobbi fi kheiri, dans le mode Raml el maya pour enchaîner ensuite dans celui de Leghriba, une autre série de pièces. Les rythmes emballants et les envolées des instrumentistes, saccadant leurs jeux avec les temps forts des mesures, ont incité le public qui s'est délecté, au déhanchement. Autre intervention remarquée, celle du qanuni irakien Omar Zeyed, venu apporter un écho du Symposium international du Qanun. Programmé avant la prestation de Salim Fergani, le virtuose irakien, bien inspiré, a interprété des « Taqassims », avant de jouer « Koum tara » et « Ya rayeh » du regretté Dahmane El Harrachi. Le commissaire du 10e Festivalgerie, Aïssa Rahmaoui, a, enfin, déclaré, conformément à la décision de la tutelle, que le Symposium international sur le Qanun ira à son terme, selon les horaires et lieux prévus par le programme du festival, vu qu'il s'agit d'une formation en cours.