On ne peut pas faire d'omelette sans casser des oeufs, les neuf syndicats autonomes, membres du Comité national des libertés syndicales se disaient sommés de passer à la vitesse supérieure «afin de faire valoir leurs droits». Jeudi, durant toute la journée, ces organisations se sont réunies afin d'approuver le «fameux» rapport sur les libertés syndicales qui sera adressé au premier magistrat du pays. Les amendements ont été faits sur place et le document en question a été adopté définitivement, l'après-midi, en attendant sa remise au président Bouteflika et aux autorités concernées, en l'occurrence la chefferie du gouvernement et le ministère du Travail. Des délégations se sont constituées dans le but de prendre en main le document et de se diriger à la rencontre des instances sus-citées. C'est la dernière cartouche, paraît-il, pour ceux qui se disaient «scandalisés par les dernières mesures prises par les pouvoirs publics, allant dans le sens de rétrécir le champ syndical». Cette démarche se veut un moyen de sensibiliser l'opinion publique quant «aux atteintes successives aux libertés syndicales», mais aussi une interpellation adressée au premier responsable de l'Etat. Sans nul doute, ces organisations qui luttent depuis quelque temps pour leur survie, militent aussi pour une «reconnaissance syndicale consacrée par les lois de la République». Les syndicalistes avaient émis l'intention de défendre mordicus leur «statut d'autonomie» nonobstant «la non-reconnaissance exprimée par les instances de l'Etat». Les membres du Comité des libertés syndicales voulaient aussi profiter de leur énième entrevue pour proposer des actions de protestation. Aucune des suggestions n'est retenue, puisque la plupart des représentants des syndicats s'entendent sur l'idée, du moins pour l'heure actuelle, de «wait and see». En d'autres termes, il est nécessaire d'attendre la réaction du président de la République et des pouvoirs publics quant au rapport qui leur sera transmis. Les actions seront plutôt prises lors de la tenue des états généraux des syndicats, programmée, indique-t-on, au courant de ce mois. C'est ce qu'a déclaré M.Tahar Besbas, secrétaire général du Cnls. Cette alliance syndicale qui s'est fait jour dans le but de dénoncer unanimement «les atteintes aux libertés syndicales» a décidé de ne plus se mettre en congé. Les cadres des organisations autonomes ont réitéré la volonté d'aller jusqu'à la satisfaction des revendications énoncées et qui portent essentiellement sur «le droit à l'activité syndicale». Difficile de se targuer de convaincre les pouvoirs publics, sachant que la couleur a été, du côté de ces derniers, maintes fois affichée. «Désormais, toute organisation syndicale qui se voit dans la peau d'une victime n'a de choix qu'à saisir la justice», lançait sans cesse M.Tayeb Louh, ministre du Travail, à l'adresse des syndicalistes. C'est un missile dirigé peu ou prou vers les dirigeants des organisations syndicales. Ces derniers, en préparant leur défense, n'ont pas écarté, jeudi, de remettre les compteurs de la protesta à zéro. C'est dans les perspectives d'un pacte social, tel qu'il est proposé lors de la dernière tripartite, qu'ils inscrivent leurs revendications, mais aussi leur voeu d'être des «partenaires sociaux reconnus».