Les produits agricoles ne sont pas concernés par le démantèlement tarifaire. Le Conseil de la Nation a paraphé, jeudi, l'accord d'association signé en avril 2002 entre l'Algérie et l'Union européenne (UE). Déjà signé par quatorze parlements de l'UE sur quinze, l'accord n'entrera en vigueur qu'après sa ratification par le parlement des Pays-Bas, les dix nouveaux membres de l'UE n'étant pas concernés par cette formalité. Cet accord, paraphé le 22 avril 2002 à Valence lors du sommet euro-méditerranéen, entre dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen lancé en 1995 entre les 15 pays alors membres de l'UE et 12 pays du pourtour méditerranéen. Il doit permettre en premier lieu de développer le commerce bilatéral. Le volet commercial de l'accord prévoit le démantèlement progressif de tous les droits de douanes pour les produits industriels selon un calendrier établi. Cependant, les exportations de nombreux produits agricoles algériens vers l'UE seront exemptées de taxes et de quotas. Pour M.Belkhadem, «ce démantèlement est dans l'intérêt de l'Algérie», tous les produits agricoles, a-t-il précisé «n'étant pas compris dans ce cadre». L'Algérie a réussi à inclure l'échange de ses produits, selon le ministre, dans «des protocoles ad hoc selon le principe de l'intérêt mutuel et non celui de la réciprocité». En contrepartie, l'Algérie doit procéder aussi à des réductions substantielles des tarifs douaniers pour les exportations agricoles européennes avant d'être complètement éliminées. Devant la réticence de certains milieux et parlementaires, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, s'est voulu rassurant lors de la présentation de la loi sur l'accord d'association de l'Algérie avec l'UE au Conseil de la Nation en affirmant que l'agriculture algérienne doit-être un élément très important de compétitivité avec l'UE. «L'Algérie a fait franchir à son agriculture des étapes tellement considérables et couronnées de succès qu'il sera à terme, difficile pour l'Europe de concurrencer nos produits agricoles», a souligné Abdelaziz Belkhadem. Ce qui est vrai dans la mesure où les produits algériens, notamment les fruits de saison, n'ont pas subi de modification génétique. De ce fait, l'entrée en vigueur de l'accord permettra aux exportations hors hydrocarbures, actuellement de l'ordre de 780 millions de dollars, de connaître un nouvel essor pour atteindre selon les prévisions le milliard d'ici la fin de l'année. «Nous sommes parvenus à l'autosuffisance en matière de fruits, de légumes, de viandes, de lait et dérivés», a en outre soutenu le chef de la diplomatie algérienne au point que l'Algérie a été contrainte d'importer de la viande rouge au mois de ramadan passé pour faire face à la forte demande, d'une part, et à la spéculation d'autre part. Les importations des produits laitiers se chiffrent, selon Mohamed Alioui, secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens ( Unpa) à 700 millions de dollars. De ce fait, il est à se demander de quelle autosuffisance parle le ministre qui semble loin de la réalité du terrain. Sans vouloir verser dans un optimisme béat, le ministre a reconnu qu'«il nous reste à améliorer la qualité de nos produits» pour qu'ils soient compétitifs sur le marché européen. Néanmoins, le ministre a omis de soulever le problème du foncier agricole. En effet, le foncier agricole en Algérie demeure un épineux problème. Ce dernier a connu ces dernières années une énorme dilapidation à en croire les chiffres avancés par Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, qui affirmait que depuis l'indépendance du pays, quelque «126.000 ha ont été transférés de leur vocation agricole vers l'urbanisme» avant de préciser que «ces transactions ont été faites dans le cadre légal». Poussant le bouchon plus loin, Mohamed Alioui dévoilait qu'«une moyenne de 8 à 9 hectares de terres arables sont quotidiennement détournés de leur vocation agricole» pour subir l'assaut irrémédiable du béton, de la spéculation foncière et des commerces qui fleurissent comme autant de champignons vénéneux. En 1995, les résultats d'une enquête sur l'urbanisation, faut-il le rappeler, ont fait état de 59.680 ha des exploitations collectives et individuelles (EAC et EAI) envahis par le béton. Ce qui réduit sensiblement le foncier agricole devant concurrencer les vastes plaines européennes.