La Première ministre britannique, Theresa May, à la tête d'un pays plombé par le Brexit La démission de l'ambassadeur faisait hier matin la une de tous les grands quotidiens britanniques, le Times soulignant qu'elle privait Theresa May «d'un négociateur européen expérimenté quelques semaines avant le début des discussions sur le Brexit». La démission fracassante de son ambassadeur à l'UE et ses critiques sur les «raisonnements confus» de Londres sur le Brexit jettent un éclairage cru sur les difficultés du gouvernement britannique à seulement quelques semaines du déclenchement de la procédure de divorce. La trêve de Noël aura été de courte durée pour la Première ministre conservatrice Theresa May. A peine les vacances terminées, elle se retrouve à gérer le départ d'un fin connaisseur des dossiers européens qui aurait dû jouer un rôle de premier plan dans les négociations ultra-complexes à venir sur le Brexit. Nommé en 2013, Ivan Rogers a exposé les raisons de son départ dans un long email adressé mardi au bureau qui représente le Royaume-Uni auprès de l'UE, et dans lequel il ne ménage guère ses critiques à l'endroit du gouvernement britannique. «Il y a très peu d'expérience sérieuse pour ce qui est des négociations multilatérales à Whitehall», le quartier des ministères de Londres, lâche-t-il. «J'espère que vous continuerez à contrer les arguments infondés et les raisonnements confus et que vous n'aurez jamais peur de dire la vérité à ceux qui sont au pouvoir», ajoute-t-il dans ce courrier publié par la presse britannique. Faisant écho à tout un pays qui s'interroge depuis des mois sur la stratégie de sortie de Mme May, Ivan Rogers souligne que lui même ne «sait pas encore quels seront les objectifs du gouvernement quant aux relations entre le Royaume-Uni et l'UE» après le Brexit. La démission de l'ambassadeur faisait hier matin la une de tous les grands quotidiens britanniques, le Times soulignant qu'elle privait Theresa May «d'un négociateur européen expérimenté quelques semaines avant le début des discussions sur le Brexit». Selon le Telegraph, qui cite des sources gouvernementales, Ivan Rogers aurait fait les frais de sa «vision négative du Brexit» et son départ était de toute manière programmé, Downing Street souhaitant disposer d'un ambassadeur «qui croit au Brexit» avant d'entrer dans le vif du sujet. Theresa May doit en effet activer l'article 50 du Traité de Lisbonne, qui ouvrira les négociations de sortie, avant la fin du mois de mars. Cela lancera un compte à rebours de deux ans, à l'issue desquels le Royaume-Uni quittera le bloc européen. D'aucuns au Royaume-Uni dénonçaient également un climat de chasses aux sorcières visant les partisans d'un Brexit «allégé», qui limiterait au maximum les conséquences du Brexit. Malheur à ceux qui ne se seraient pas «convertis au Brexit», a déclaré l'ancien leader du parti centriste des Lib-Dem, Nick Clegg: «ils sont de plus en plus mis à l'écart». La démission de l'ambassadeur a en revanche été saluée par les partisans d'une sortie sans compromis de l'UE, à l'instar d'Arron Banks, le président de «Leave.EU», une organisation pro-Brexit. «C'est un homme qui affirmait qu'il faudrait 10 ans pour faire un accord sur le Brexit», a-t-il déclaré dans un communiqué. «En démissionnant, il a enfin pris la décision qui s'imposait». Le ministère des Affaires étrangères n'a pas commenté les raisons de cette démission. Mais le diplomate s'était récemment attiré les foudres des partisans d'une coupure nette et radicale avec l'UE pour avoir expliqué qu'aux yeux des 27 autres Etats membres de l'UE, la signature d'un nouvel accord commercial entre le Royaume-Uni et l'UE post-Brexit n'interviendrait pas avant une bonne dizaine d'années. «Sa démission n'est pas une surprise pour ceux qui travaillent avec lui», a commenté un diplomate européen. «Il était très compétent, mais pas convaincu par la décision d'un Brexit».