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L'âme de l'Algérie
YENNAYER 2967 LE NOUVEL AN AMAZIGH
Publié dans L'Expression le 12 - 01 - 2017

Chaque région et localité a ses rites et ses habitudes liés à des croyances et mythes fondateurs de Yennayer
Les Algériens des quatre coins du pays célèbrent aujourd'hui la naissance d'une nouvelle année. Nous sommes en l'an 2967 du calendrier amazigh. Il faut dire qu'il n'était pas besoin de rappeler ce qui paraît désormais comme une évidence, en raison du formidable développement des outils de communication, mais également d'une prise de conscience de toute la société quant à la signification symbolique et forte de cette célébration. Et pour cause, Yennayer, revendiqué par l'ensemble des Algériens est fêté annuellement depuis près de trois millénaires. Le sens historique de cette célébration s'est quelque peu effiloché avec le temps, de sorte que chaque région lui donne sa propre signification. Mystique ou encore simplement pratique, la liant avec le cycle agricole, la date du 12 janvier est systématiquement marquée à Tizi Ouzou, Béjaïa Tiaret, Constantine, Oran, Annaba et partout ailleurs dans le pays. Les rituels se rejoignent sur beaucoup de détails, à commencer par l'appellation. Il est vrai qu'au fil des siècles, le peuple a subi diverses influences et celles-ci ont façonné les Algériens différemment selon les régions. La langue originelle a, elle aussi, pris de nombreux chemins, et chaque région du pays a emprunté des traditions autres peuplades et remodelé son lagunage, jusqu'à ce que le parler des Algériens se soit, dans de nombreux cas, éloigné de tamazight. Les invasions étrangères, les brassages des cultures ont fait le reste, sauf que dans le lot, les Algériens ont conservé jalousement le «mythe fondateur» de leur identité profonde. On apprendra avec le temps, la crise berbère, le printemps berbère, le printemps noir et ses 162 martyrs que ce n'était pas à proprement parler un mythe. Yennayer existe bel et bien. Les historiens se sont chargés de lui donner un sens, un vrai calendrier et toute la société algérienne, qu'elle soit berbérophone ou pas, se rend compte de son homogénéité.
Grâce à Yennayer et sans que l'on ait besoin de passer par une autre phase encore douloureuse, pour que tout le monde l'admette, les Algériens ont conscience de leur origine amazighe.
Bouira
Une date aux multiples sens
Chaque région exprimera toute la dimension sociale et culturelle de cet événement enraciné depuis des siècles au plus profond de la société kabyle en particulier et amazighe en général.
«L'an zéro du calendrier berbère remonte à des événements marquants qui datent de l'époque de l'Egypte ancienne. Shechnak 1er, prince de la tribu berbère des Mechaouech, qui a conquis le pays des Pharaons, est monté sur le trône pour y régner pendant 21 ans, de -945 à -924. Il est le fondateur de la XXIIe dynastie égyptienne. Il réunifia l'Egypte en l'an 950 avant J.-C puis envahit la Palestine pour s'emparer à Jérusalem, de l'or et des trésors du temple de Salomon.»
C'est en ces termes que les historiens définissent Yennayer.
«En tout cas, Yennayer, cette fête traditionnelle toute simple, mais profondément lointaine dans le temps, sera constamment pour nous une occasion afin que nos chemins, sur la route de la mémoire, se croisent souvent, et ainsi nous rétablirons la vérité, après des décennies où l'oubli et l'indifférence, des erreurs monumentales qui traduisent la méconnaissance de notre Histoire, ont constitué également cet outrage à l'encontre d'un peuple attaché à ses valeurs.» Qui mieux que cet auteur pouvait résumer le sens, la portée et la valeur de cette journée?
Chaque région, sans distinction d'appartenance ethnique et dans toute sa diversité linguistique, exprimera toute la dimension sociale, économique et politique de cet événement enraciné depuis des siècles, au plus profond de la société kabyle en particulier et amazighe en général. Le 12 janvier 2017 correspond au 1er Yennayer 2967 de l'an amazigh. Chaque région et localité a ses rites et ses habitudes liés à des croyances et mythes fondateurs de Yennayer. Yennayer se veut surtout un moment festif et de convivialité familiale, il est aussi une occasion pour les personnes de se réconcilier entre elles. La célébration de Yennayer a commencé quelques années après l'indépendance de l'Algérie, plus précisément vers 1968, quand un groupe d'artistes, d'intellectuels et de journalistes, a proposé de créer une «ère berbère», tout comme il existe une ère chrétienne et une islamique.
Depuis maintenant une semaine, les populations de la wilaya, à l'instar de ses semblables à travers le pays et de toutes les communautés berbères du Maghreb se sont préparées à accueillir le Nouvel An berbère. Ces préparatifs sont de deux ordres. Il y a d'abord la célébration collective mais aussi des rites spécifiques aux familles. La couleur est annoncée par la direction de la culture qui pour une fois a pris les devants en traçant un programme riche et varié pour la circonstance. La direction de l'éducation et en application des directives du ministère a prévu une célébration au niveau du CEM «Khellas» de Bechloul. Les élèves auront une séance spécifique à l'évènement à travers un cours qui sera dispensé par les enseignants sur le sens de cette journée, sa portée et les valeurs véhiculées.
Muharram et nouvel an grégorien
Les associations «Tidukli» et «Thiragwa» de Merkala, en collaboration avec l'association «Histoire et Vestiges» de la même région, ont donné le coup d'envoi des festivités dans la matinée de mercredi et qui dureront jusqu'au samedi. Depuis l'annonce de l'officialisation de tamazight dans la nouvelle Constitution, les militants de la cause identitaire qui chaque année «imposent» la célébration exigent l'officialisation de cette journée au même titre que «Muharram» et le Nouvel An grégorien c'est-à-dire une journée fériée. Même si les festivités de 2966 ne diffèrent pas beaucoup de celles prévues cette année, 2967, le sentiment de réussite et l'hommage aux martyrs de la cause «gonflent» les acteurs qui demandent maintenant l'officialisation aussi de cette date, le 12 janvier comme étant celle du Nouvel An berbère. Haizer abritera un riche programme concocté par les associations culturelles «Ighil Zougaghene» et «Thithrane» en collaboration avec l'Assemblée populaire communale de Haizer.
Les organisateurs ont aussi prévu des représentations théâtrales, des expositions qui mettront en exergue l'art culinaire, l'art de la couture, l'excellence des métiers manuels chez les Berbères. La commune de Saharidj pour sa part et sous le patronage de l'association locale, en collaboration avec la commune a retenu plusieurs actions commémorant l'évènement. Plus au sud, et dans la commune d'Aghbalou, à une cinquantaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya, l'association présidée par M.Terrad Nacer a mis les bouchées doubles dans le but de célébrer comme il se doit cette date. «En cette journée de Yennayer, nous comptons organiser des expositions de poterie, d'habits traditionnels et de livres portant sur l'histoire amazighe», a fait savoir le président de cette association.
Dans la commune de Ouled Rached, daïra de Bechloul, les organisateurs prévoient un stand dédié à l'art culinaire avec des plats et des mets traditionnels, une exposition de robes kabyles, de bijoux traditionnels, de plantes médicinales et de livres traitant de la culture et traditions amazighes. En marge de ces commémorations collectives, les familles aussi tiennent à renouer avec les origines à travers des rites et us présents depuis des millénaires. Pour la circonstance, et depuis des décennies, les comités des villages s'attellent à faire des quêtes pour acquérir des bovins qui seront sacrifiés la veille et répartis équitablement entre les habitants.
Cette action désignée par «thimechret» n'est pas un rituel spécifique au Nouvel An, mais reste une manière d'affermir les liens entre les villageois et consolider les relations que le modernisme tend à effacer. S'agissant des caractéristiques de la journée, les familles préparent un grand dîner «imensi n Yennayer», qui se traduit généralement par la préparation d'un couscous avec du poulet. Le mets principal reste le couscous de blé. L'utilisation de la semoule d'orge est, ce jour-là, bannie, elle qui constitue en temps normal le repas du pauvre. Le couscous est préparé avec une sauce à base de légumes secs. D'une région à une autre les explications sont différentes, quant au choix de la volaille. Certains préfèrent le coq qui symbolise la naissance de la lumière (le lever du jour), d'autres, la poule et ses oeufs qui incarnent la fécondité et par conséquent l'abondance. Dans la préparation des autres mets qui accompagnent le couscous, les femmes servent aux enfants, le matin du 12 janvier (tasebhit n Yennayer) «uftiyen» ou «isrecmen», un mélange de céréales entières. Selon les moyens, on complète le plat par un mélange de fruits secs (inighmen) servis en abondance aux présents. La tradition exige que l'on ne vide pas les plats, ce qui signifie que l'on ne doit pas avoir faim. L'occasion est saisie pour réunir la grande famille «adhroum» autour de ce plat. La rencontre permet aussi de dissiper les malentendus, de régler les conflits pour permettre à tout le monde de commencer l'année sur de bonnes bases.
Une grande et ancestrale tradition
Aux heures des prières, les croyants accomplissent leur devoir. La date est aussi et surtout une occasion des retrouvailles pour la gent féminine. Les femmes sortent rarement et ne se rendent visite que conjoncturellement lors des mariages, des décès ou autres fêtes familiales. En optant pour une commémoration collective, les villageois offrent une opportunité aux femmes de se rencontrer. Plusieurs mariages sont scellés en pareille circonstance. Le dîner est suivi par des rites qui présagent des jours à venir. Dans la soirée, les femmes déposent sur le toit des maisons quatre coupelles en terre remplies de sel représentant chacune les mois de Yennayer, «furar, me ires et yebrir» (février, mars, avril).
Au matin de la journée de Yennayer, le niveau d'humidité du sel annonce un mois arrosé ou non surtout que la vie en campagne est sujette aux aléas de la météo. Même si partout la cuisinière a pris la place, on renouvelle son «qanun»; la découverte d'un ver blanc sous les pierres ramassées pour le trépied du four, laisse entrevoir la naissance d'un garçon, une herbe verte signifie une moisson abondante, les fourmis symbolisent l'augmentation du bétail...Dans la même journée de «amenzu n Yennayer» (le premier jour de l'An), sont proposées «lesfendj» ou «lemsmmen». Une pâte qui gonfle ou qui s'étend facilement, annonce forcément une année riche et généreuse. Plus à l'ouest et au sud de la wilaya, où résident les entités arabophones, la célébration tend à se généraliser ces derniers temps. Là aussi, les festivités se limitent à l'art culinaire. En plus du couscous, beaucoup préparent des crêpes «baghrir», le «rfiss», «chakhchoukha» et d'autres plats traditionnels. Cette tendance et cet engouement pour le traditionnel se veulent un respect du caractère ancestral de cette date. En continuant à célébrer Yennayer, les Bouiris perpétuent une grande et ancestrale tradition, et enseignent l'histoire aux générations nouvelles.


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