Ce fléau occupe la première place dans les causes de décès, avant le cancer et les accidents de la route. Trente mille nouveau-nés sur 600.000 meurent chaque année en Algérie. Dix fois plus que le taux recensé dans les pays européens. Les chiffres vont, malheureusement, crescendo, compte tenu d'une «prise en charge inadaptée au niveau des structures hospitalières, mais aussi en l'absence d'un suivi au cours de la grossesse chez plusieurs ». Lors d'un point de presse sur le programme national de périnatalité, animé au siège du ministère de la Santé, le professeur Lebban Djamil, néonatalogiste et conseiller auprès du ministre, a brossé un tableau peu reluisant sur la mortalité périnatale et néonatale en Algérie. Elle occupe, selon lui, la première place devant les autres causes de décès telles que le cancer ou les accidents de la route. La tendance actuelle est à 32/1000 bébés, pour ce qui concerne le nombre de nouveau-nés qui décèdent annuellement. Plus explicite, le conférencier indique que sur quatre enfants qui décèdent, trois sont des nouveau-nés de moins de 6 jours. Le précédent bilan faisait état d'une périnatalité très défavorable. Le professeur Lebbane fera remarquer à ce propos que 45/1000 nouveau-nés avec une naissance normale meurent chaque année, a-t-il ajouté sur un ton qu'on prend pour annoncer les grandes catastrophes. Qualifié par nombre de présents à la conférence de presse de «véritable drame», cette situation appelle un flot d'interrogations sur les causes réelles liées à cette situation jugée «catastrophique». L'orateur, évasif et souvent réservé, préfère ne pas évoquer le mot «négligence», tant de la part de la mère qu'au niveau des structures de prise en charge. Il met plutôt l'accent sur une «prise en charge inadaptée et un manque de civisme chez la femme enceinte». «La santé maternelle et la santé périnatale sont indissociables et les principaux facteurs de risque de morbidité et de mortalité sont les mêmes pour la mère et pour l'enfant», a-t-il précisé. Il a parlé aussi d'une situation liée à l'existence, chez la femme, d'infections, mais aussi à une asphyxie et à des complications de la prématurité. Le jour de l'accouchement, a-t-il ajouté, «l'on a constaté un non-respect du facteur de la priorité». En d'autres termes, «nos structures ne profitent pas à celles qui en ont réellement besoin», a-t-il lancé pour être plus explicite. Interrogé sur les mesures prises afin d'y remédier, l'orateur a expliqué qu'un programme national triennal 2005-2008 a été élaboré visant la lutte contre la mortalité infantile et maternelle. Lequel programme, qui va être lancé aujourd'hui par le ministre de la Santé, s'articule autour des causes médicales évitables. La solution à cette situation, selon M.Lebbane Djamil, consiste à mettre en place une véritable politique périnatale préventive et curative. L'objectif prioritaire à atteindre, a-t-il développé, est celui de ne plus avoir à enregistrer de morts qui auraient pu être évitées. L'allusion est claire sur certaines vies qui auraient pu être épargnées. Quant aux risques qui accompagnent la grossesse et l'accouchement, le professeur a indiqué que 40% des enceintes connaissent des problèmes de santé imputables à la grossesse et 15% de toutes les enceintes souffrent de complications permanentes ou mettent leur vie en danger.