L'armée syrienne en opération Astana pourrait être, le cas échéant, l'antichambre de négociations beaucoup plus larges qui auraient lieu en février à Genève, sous les auspices des Nations unies. Les évènements s'accélèrent en Syrie où des groupes rebelles viennent d'exprimer leur accord pour participer aux discussions prévues le 23 janvier prochain, à Astana, au Kazakhstan, sous l'égide de la Russie et de l'Iran, alliés du régime du président Bachar al Assad, et de la Turquie, soutien de l'opposition armée. Ces pourparlers ont été décidés en droite ligne de la trêve conclue par les pays précités, donnant la possibilité aux éléments concernés par l'accord de quitter les positions où ils étaient encerclés par l'armée syrienne et de rejoindre la ville ou la région d'Idleb, dans le nord du pays, devenues le refuge de nombreuses factions armées et de leurs familles. La rencontre d'Astana est censée généraliser le processus de désarmement, favorisant par-là même le retour à la paix d'un pays meurtri par six ans de guerre totale, mais la question du sort des groupes tels que Daesh et Al Nosra demeure pendante. Astana pourrait être, le cas échéant, l'antichambre de négociations beaucoup plus larges qui auraient lieu en février à Genève, sous les auspices des Nations unies. Sauf que, pour l'instant, on est encore loin d'un quelconque optimisme, même de circonstance. Si tous les groupes autres que les organisations terroristes exclues de la trêve et des pourparlers veulent aller à Astana, donnant leur accord à des discussions directes avec les représentants du gouvernement syrien, on ne peut prévoir quelle sera réellement la portée d'un éventuel engagement commun de toutes les parties en vue de mettre fin à l'effusion de sang. Ainsi, le représentant de Jaïch al Islam ne craint pas, a priori, de mettre en doute la sincérité de l'armée syrienne qu'il dit vouloir soumettre à l'épreuve des faits. C'est aussi le cas de Ahmad al-Othman, de la faction Sultan Mourad, implantée dans le Nord, qui laisse entendre que les groupes rebelles ont «décidé d'aller aux pourparlers» pour tester la volonté de la partie adverse. Pourtant, le fait est qu'ils vont devoir affronter, face à face, les représentants du gouvernement syrien alors qu'à Genève, les discussions avaient lieu de manière «indirecte», la mission onusienne assurant la liaison entre deux pôles irréductibles. Cette donne peut concourrir à transcender certaines appréhensions et à aboutir à une plate-forme a minima. Pour les groupes rebelles, l'urgence est de parvenir à un renforcement, sinon même à un élargissement, du cessez-le-feu avalisé le 30 décembre dernier, laissant l'examen des aspects politiques de l'accord à la rencontre de Genève. Certaines sources proches de Damas et de ses alliés expliquent que, contrairement à la démarche de l'ONU qui avait fait prévaloir le politique sur le militaire, convaincu qu'un accord entre les délégations entraînerait nécessairement la paix sur le terrain des combats et des bombardements, la troïka Russie, Iran, Turquie a préféré miser sur l'adhésion des militaires à un cessez-le-feu qu'il appartiendra aux politiques de formaliser en un accord de paix en bonne et due forme. Il est vrai que le constat a été établi quant à la faible représentativité des membres de la délégation de l'opposition, sans pouvoir réel sur le terrain et, pire, sans un soutien populaire avéré. C'est ce qui a convaincu les parrains du processus, persuadés que les protagonistes présents à Astana n'auront nul besoin de solliciter l'aval de l'Arabie saoudite, de la France ou de la Grande-Bretagne, entre autres pays qui interfèrent, pour s'engager sur un accord politique de nature à restaurer la paix. Voilà pourquoi la rencontre d'Astana doit réunir uniquement des militaires, assistés en aval par des équipes techniques aux plans juridique et politique, en relation pour ce qui concerne les groupes rebelles avec le Haut comité des négociations (HCN, opposition). Côté gouvernement, le président Bachar al Assad a fait montre d'optimisme, annonçant même qu'il est prêt à négocier avec une centaine de groupes rebelles, au lendemain de leur expulsion d'Alep-Est et, tout récemment, de Wadi Barada, à 20 km de Damas. Par ailleurs, la situation reste tendue à Deir Ezzor, ville clé dans l'est de la Syrie, où l'Etat islamique a lancé une attaque de grande envergure pour tenter de freiner la progression de l'armée syrienne. L'aviation syrienne a effectué plus de 20 raids alors que Daesh continue de recevoir des renforts venus de Raqqa et de la province de Deir Ezzor, ciblant l'aéroport militaire et plusieurs quartiers Sud de la ville dont la partie occidentale est toujours aux mains du régime.