Une réunion pour rien «Le facteur aggravant, c'est l'absence des Syriens et le monopole américain et russe. «Ces pourparlers seront une perte de temps», a affirmé le vice-président de l'opposition, Abdel Ahad Stefo. Et de conclure: «Les principaux responsables de la situation actuelle sont les Américains et les Russes!» Ouverts avec un tête-à-tête entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, les pourparlers de Lausanne sur la Syrie auxquels participent les pays de la région impliqués dans le conflit ont été d'emblée caractérisés par un pessimisme ambiant. Il y eut tout d'abord cette déclaration de Lavrov qui, la veille, précisait qu'«il n'attendait rien de cette rencontre». Puis, l'opposition syrienne a exprimé son mécontentement de ne pas avoir été invitée à la réunion. «Ne pas nous inviter à ce type de réunion ne fait que compliquer la situation et brouiller les cartes», a déclaré le vice-président de la coalition de l'opposition syrienne, Abdel Ahad Stefo, qui aurait, comme à Genève, trouvé là une occasion inespérée de poser des «conditions» à la participation, à savoir la fin des bombardements des quartiers rebelles à Alep. Outre les Etats-Unis et la Russie, étaient conviés à Lausanne les pays de la région comme la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar, proches de la coalition internationale, et l'Iran, pour la partie syrienne, ainsi que l'Egypte, l'Irak et la Jordanie.Le principal défi des négociateurs est de parvenir à mettre fin «au bain de sang», selon la terminologie occidentale, c'est à dire au blocus par l'armée syrienne des quartiers rebelles affamés et proches de l'effondrement. Ceci explique cela, la réaction de Abdel Ahad Stefo traduit bien le désarroi qui règne au sein de cette opposition. Pour lui, «le facteur aggravant, depuis la réunion de Genève en 2012, c'est l'absence des Syriens et le monopole américain et russe. Ces pourparlers seront une perte de temps et auront pour résultat de verser encore plus le sang syrien». Et de conclure: «Les principaux responsables de la situation actuelle sont les Américains et les Russes»! Le 30 juin 2012, à Genève, les grandes puissances s'étaient accordées à Genève sur les principes d'une transition politique en Syrie, et les parties occidentales étaient persuadées d'en avoir fini avec le régime du président Bachar al Assad dont elles ressassaient à profusion de médias qu' «il doit partir». N'était-ce pas l'objet des premières manifestations diligentées à la faveur de la naissance du «printemps arabe»? Les revendications de l'opposition où trônent des organisations connues et reconnues pour leur action terroriste sont, en outre, tributaires de la surenchère à laquelle se livrent systématiquement leurs parrains de la région. Et à la veille de l'ouverture des discussions de Lausanne dont tout le monde reste convaincu qu'elles ne serviront à rien, l'armée syrienne a poursuivi ses raids intensifs contre les quartiers rebelles d'Alep, visant notamment ceux de Hanano, Al Mayssar et Inzarat. Certes, Lavrov et Kerry n'ont jamais interrompu les contacts téléphoniques depuis l'échec des pourparlers fin septembre mais la situation ne plaide nullement en faveur d'une quelconque concession de la part des alliés russe, syrien et iranien qui savent combien la chute de la partie Est d'Alep est de plus en plus imminente. Auquel cas, c'est tout le visage de la guerre engagée en 2011 contre le régime syrien dont «on» pressentait une disparition aussi brutale qu'immédiate qui va s'en trouver changé. Alep, seconde ville de Syrie, est la clé de la solution dans la guerre contre le terrorisme et sa libération signifiera la fin de Daesh, pris en étau entre Deir Ezzor, non loin de la frontière irakienne, et Mossoul que les troupes irakiennes s'apprêtent à reprendre incessamment. Et la fin de l'organisation autoproclamée Etat islamique affectera nécessairement les autres groupes terroristes dont Fath al Cham, anciennement Al Nosra, d'obédience Al Qaïda, pour ne citer que cette faction, la plus active à Alep. Après avoir pratiqué la surenchère et montré une arrogance sans borne, les factions terroristes acculées au point d'entrevoir leur propre extinction semblent n'avoir plus aucune autre alternative que celles de se retourner contre leurs commanditaires et mentors de la coalition. En tout cas, les signes avant-coureurs sont là.