«Cela ne sert à rien de blâmer la mondialisation» pour les problèmes de la planète, a affirmé M. Xi lors de son discours d'ouverture du Forum économique mondial (WEF), citant le chômage, les migrations et la crise financière de 2008. La mondialisation est irréversible, a prévenu hier le président chinois Xi Jinping, utilisant l'énorme caisse de résonance du forum de Davos pour avertir le prochain président américain Donald Trump, qui affiche son hostilité envers le libre-échange. «Toute tentative de stopper les échanges de capitaux, technologies et produits entre pays (...) est impossible et à rebours de l'histoire», a-t-il martelé, envoyant un message implicite au futur président américain Donald Trump qui entre en fonction vendredi. «Personne n'émergera en vainqueur d'une guerre commerciale», a-t-il encore lancé, alors que M.Trump envisage d'ériger des barrières douanières pour protéger les emplois américains. Il a cependant admis que la mondialisation était une «lame à double tranchant» qui pouvait avoir des conséquences négatives et qu'il fallait la «rééquilibrer». Autre avertissement à M.Trump: l'accord de Paris sur le climat est «une victoire remportée avec difficulté», et tous les signataires «doivent s'y tenir». Le plus grand flou entoure la position de M.Trump sur cet accord signé en 2015. La grande salle plénière du palais des Congrès de Davos était comble comme rarement, personne manifestement ne voulant rater le temps fort de ce forum qui durera jusqu'à vendredi dans la station de ski transformée en camp retranché. «Nous avons hâte d'entendre sa déclaration», avait déclaré dans la matinée le PDG du groupe norvégien d'engrais Yara. Un membre de l'équipe de transition du président élu américain, Anthony Scaramucci, devait prendre la parole dans l'après-midi. Son intervention sera sans doute très courue. Depuis près de 50 ans, Davos réunit des dirigeants d'entreprises, des chefs de gouvernement, des hommes politiques, des artistes, toute une élite globalement acquise au libre-échange sous toutes ses formes. Ils débattent des orientations du monde dans le grand palais des congrès ou se réunissent discrètement pour parler affaires dans une salle de réunion, ou accoudés au bar, dans un grand hôtel, ou encore à l'occasion de ces fameuses fêtes qui participent à la renommée de Davos. Cette édition revêt une saveur particulière compte tenu de l'hostilité croissante d'une part importante des populations occidentales envers la mondialisation, notamment d'une classe moyenne en voie de déclassement. Ils ont voté Trump, le Brexit (Theresa May doit s'exprimer demain), et vont peut-être bousculer le jeu politique en France, en Allemagne, etc. Klaus Schwab, le fondateur du WEF, est conscient de la fracture. Il a placé cette édition sous le signe de la responsabilité des leaders, estimant qu'il fallait chercher «pourquoi les gens sont en colère et pas satisfaits». Le WEF - pour qui l'exclusion sociale et les inégalités sont les principaux dangers pour 2017 - a d'ailleurs publié lundi une étude montrant que le revenu annuel médian a reculé dans les pays avancés sur cinq ans. «Nous devons écouter ce que disent les gens. Les avantages de la mondialisation sont plus clairs dans les pays émergents que dans les pays développés», a commenté Sergio Ermotti, patron du géant bancaire suisse UBS. «Comme chaque année, avec la complicité des grands médias, ces élites vont chercher à donner une image positive de leur leadership'' sur la mondialisation. Elles sont contraintes de tenir compte de la révolte croissante des peuples qui bouscule l'ordre néo-libéral», a dénoncé l'organisation Attac. Selon une étude du cabinet de relations publiques Edelman, la confiance dans les gouvernements, entreprises, médias et ONG a lourdement chuté dans 28 pays étudiés. C'est une «implosion de la confiance», selon le patron Richard Edelman.