Les prix du pétrole sont plombés. Ils évoluent désormais sous le seuil des 55 dollars Le ministre de l'énergie, Noureddine Boutarfa, a déclaré que l'Algérie pourrait réduire son offre de 65.000 barils/jour au lieu de 50.000 au moment où les Américains mettent le paquet sur leur production de pétrole de schiste. La «guerre» est déclarée. Le match est lancé. Les Etats-unis relancent leur production de pétrole de schiste pour contrer la baisse décidée par l'Opep et ses «11 alliés» dont la Russie. Les prix du pétrole sont plombés. Ils évoluent désormais sous le seuil des 55 dollars. Hier aux environs de 12h20 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 54,83 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 64 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de ́ ́light sweet crude ́ ́ (WTI) pour le contrat de mars cédait 66 cents à 51,82 dollars. L'Algérie ne l'entend pas de cette oreille et se tient prête à riposter. Le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, a déclaré, dans un entretien accordé à l'agence Bloomberg, que l'Algérie pourrait réduire son offre de 65.000 barils/jour au lieu de 50.000 pour soutenir les prix au moment où les Américains mettent le paquet sur leur production de pétrole de schiste. Tandis que le Koweit n'a pas exclu de baisser la sienne de 15.000 b/j supplémentaires. Elle pourrait atteindre 148.000 barils par jour a indiqué, le 15 janvier, le ministre koweïtien du pétrole. «Notre engagement de baisse de production est de 133.000 barils/jour (...) nous avons baissé de 6 000 barils de plus, et nous pourrons atteindre 146.000 ou 148.000/ barils/jour», a déclaré Essam al-Marzouq. 30.000 barils par jour peuvent donc être imminemment retranchés. En plus des 1,2 million que l'Opep s'est engagée à retirer lors du sommet des pays producteurs qui s'est tenu le 10 décembre 2016 à Vienne. Un rendez-vous qui a vu la consécration de l'accord historique scellé le 28 septembre 2016 à Alger en marge du 15ème Forum international de l'Energie. Il a servi de socle à l'accord des pays Opep et non-Opep qui ont annoncé le retrait de près de 1,8 million de barils par jour du marché. Il devrait aller jusqu'en juin. Devant l'offensive des Etats-Unis, qui risque de compromettre l'objectif que s'est fixé l'Opep de rééquilibrer le marché et par conséquent de booster les prix qui ont sévèrement dégringolé depuis la mi-juin 2016 (ils sont passés de 115 dollars à moins de 55 dollars actuellement), l'Arabie saoudite qui a réduit sa production de 486.000 barils/jour pour la porter à moins de 10 millions mbj, envisage de renouveler cet engagement dans les six mois à venir selon son ministre de l'Energie, Khalid Al Falih. L'Opep est décidée à défendre ses intérêts bec et ongles. L'Algérie, l'Arabie saoudite et le Koweit sont sur le pied de guerre. «Il n'est pas surprenant (à) pour l'Algérie et le Koweït, qui siègent dans le comité de suivi mis en place pour superviser la mise en oeuvre de l'accord, et pour l'Arabie saoudite, plus grand producteur de l'Opep, de «donner l'exemple» aux autres producteurs», a indiqué, le 16 janvier, Oil Price qui s'est référé à une étude du fonds d'investissement américain JP Morgan Emerging Markets. Une baisse plus importante de l'offre de l'Opep devient de plus en plus évidente. Elle est justifiée par la contre-attaque américaine. «Selon les données publiées par l'EIA (Energy Information Administration, antenne du département américain de l'Energie ou DoE) mardi (17 janvier, ndlr), les extractions de pétrole de schiste des Etats-Unis devraient augmenter d'un solide 40 000 barils par jour, pour atteindre 4,75 millions de barils par jour en février», ont rapporté les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. «Cela va rendre le travail plus difficile pour l'Opep qui cherche à retrouver l'équilibre du marché à travers la limitation de sa production et de celle de ses partenaires», ont-ils souligné. Des inquiétudes nuancées par d'autres experts. «Les prix n'atteignent cependant pas les plus bas en un mois atteints la semaine dernière. L'Opep dit se tenir à ses promesses de limitation, et les données hebdomadaires de l'EIA sur les réserves américaines, qui seront publiées jeudi (Demain, ndlr), devraient faire état d'une baisse des stocks de brut, ce qui soutient les marchés», signale Michael van Dulken, analyste de Accendo Markets. Attendons pour juger.