Les membres du gouvernement seront tenus de présenter leur démission au gouvernement pour pouvoir se porter candidats sur les listes électorales de leur parti Se porter candidat ou s'accrocher à son titre de ministre? Telle est la question qui taraude sans cesse certains membres du gouvernement. Ils sont dans l'embarras. Les ministres sont sérieusement déboussolés par les prochaines échéances électorales. Se porter candidat ou s'accrocher à son titre de ministre? Telle est la question qui taraude sans cesse les coéquipiers de Sellal. Selon des sources, ils sont nombreux à être tentés par l'aventure. Or, les choses ne sont pas aussi simples que l'on imagine. Les règles du jeu ont, semble-t-il, changé. Les membres du gouvernement seront tenus, cette fois-ci, de présenter leur démission au gouvernement pour pouvoir se porter candidat sur les listes électorales de leur parti. La déclaration du secrétaire général du FLN, Ould Abbès, est loin d'être insensée. «Les ministres qui veulent se porter candidat doivent déposer leur démission», a-t-il affirmé en marge de l'installation de la Haute Instance chargée de la surveillance et du suivi des élections dimanche dernier au Palais des nations. Alors qu'auparavant les ministres étaient juste censés avoir l'accord du chef de l'Etat sans déposer leur démission, cette fois-ci on veut mettre fin au cumul des fonctions. Ce qui fausse sérieusement les calculs des membres du gouvernement qui se projettent déjà dans le futur. Les ministres FLN et RND ne savent plus sur quel pied danser. La démission est-elle exigée par la loi? La constitutionnaliste Fatiha Benabou répond par la négative. «Il n'y a aucun article dans la Constitution qui oblige les ministres à déposer leur démission pour se porter candidat, c'est une question d'éthique», a-t-elle certifié. Jointe par téléphone, cette spécialiste du droit constitutionnel a précisé que cette obligation concerne uniquement le Premier ministre lors de l'élection présidentielle. Notre interlocutrice soutient, cependant, que les candidats doivent être égaux pour donner plus de transparence à la compétition. C'est la règle que veut imposer le secrétaire général du FLN. «Celui qui veut se présenter doit revenir vers la base. On n'a pas de supermilitants! Le FLN est une émanation de l'Algérie profonde et non de l'Algérie des salons. Je veille et je veillerai scrupuleusement au respect de la volonté des militants», a tranché Ould Abbès au sujet de la candidature des ministres. Le patron du parti semble vouloir mettre un terme à certaines pratiques caractérisant le FLN, à savoir tous les anciens et actuels ministres, députés et caciques du parti sont souvent imposés en pole position sur les listes de candidatures malgré les réticences de la base. Les ministres candidats seront appelés à retourner dans leur circonscription pour déposer leur dossier. Sont-ils nombreux? A en croire certaines sources, Tayeb Louh, ministre de la Justice et son collègue du Travail, Mohamed El Ghazi ainsi que le ministre de l'Agriculture sont vraisemblablement intéressés par les prochaines législatives. Interrogé sur cette question, le conseiller chargé de la communication, Moussa Benhamadi assure: «Aucun ministre n'a affiché son intention de se porter candidat.» Les membres du gouvernement ont un délai jusqu'au 31 du mois en cours pour déposer leur dossier de candidature au sein de leur mouhafadha. Contacté par nos soins, Benhamadi a fait savoir que les ministres doivent aviser le secrétaire général de leur intention de se porter candidat, lequel soumettra la demande au président du parti. «En 2012, on était quatre ministres à être autorisés par le chef de l'Etat pour se porter candidats», a rappelé l'ancien ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication. Une fois n'est pas coutume. Les ministres seront appelés à choisir entre le gouvernement et la candidature. Un risque à prendre sur les deux plans. Certes, le Premier ministre n'a pas lâché le morceau en affirmant que les ministres sont libres de se porter candidats, mais son cabinet a bien pris soin de cette affaire. Cette question a relancé de nouveau la polémique sur un éventuel remaniement ministériel. «C'est évident, il va y avoir un remaniement ministériel», a estimé M.Benhamadi. une hypothèse exclue par la constitutionnaliste, Fatiha Benabou. «On ne peut pas élire un nouveau gouvernement à la veille d'une élection législative car c'est une période très courte», a-t-elle justifié. Le chef de l'Etat peut confier la gestion des portefeuilles ministériels à des intérims en attendant les élections législatives qui auront lieu le 4 mai prochain. En application des dispositions de la Constitution, la nomination d'un nouveau gouvernement dépendra donc des résultats des urnes.