FLN et RND à chacun sa stratégie pour les législatives Dans cette guerre feutrée, si le RND tient le pouvoir de l'argent aussi propre soit-il, le FLN en revanche, a les leviers de la décision politique. Tous les coups sont permis. C'est la règle du jeu puisque l'enjeu est une échéance déterminante. Qui ramassera la mise lors des prochaines législatives qui seront l'antichambre de la présidentielle de 2019? Sans dentelle, la guerre est déjà lancée entre le FLN et le RND. Pour ses premières sorties médiatiques, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia et son rival du FLN Djamel Ould Abbès usent des mêmes armes mais les styles diffèrent. Les deux responsables focalisent jusque-là la problématique de l'argent dans la politique. «Le RND n'est pas un parti de la 'chkara'' et ne compte pas dans ses rangs des détenteurs de l'argent sale provenant du commerce de la drogue ou des barons de l'importation», lance, sourire en coin, Ahmed Ouyahia. Suivez mon regard. «Nous n'accepterons pas que des hommes d'affaires viennent blanchir leur argent à travers l'achat des places sur les listes électorales», réplique Djamel Ould Abbès, sans trop appuyer sur le propos. Mais la sémantique est bien choisie entre les deux hommes. L'un dénonce la «chkara» qu'il dit bannie dans son parti, le RND. Et l'autre récuse les hommes d'affaires véreux insistant sur le fait que le FLN n'est pas une machine à laver l'argent sale. La donne est que le FLN a eu à souffrir de la «chkara», de l'aveu même de Djamel Ould Abbès. En revanche, le RND tente à l'approche du rendez-vous électoral de capter les hommes d'affaires les plus influents dans les régions du pays en vue de glaner le maximum de voix. L'approche a été bien pensée par les stratèges du RND et on croit savoir que de nombreuses têtes de listes au sein du parti de Ouyahia seront issues des organisations patronales dont le FCE notamment. Mais le FLN ne se contente pas de montrer patte blanche en jurant qu'il a banni la «chkara». Au patron du RND, il oppose ses ministres. Plus de six membres du gouvernement sont sur le point de proposer leurs noms en tant que têtes de listes. Une manière de répliquer dans cette guerre feutrée que si le RND tient le pouvoir de l'argent aussi propre soit-il, le FLN en revanche a les leviers de la décision politique. Toujours dans cette guerre des styles, le RND opte pour des actions de terrain, ciblées. Le cérémonial dure depuis des mois. Ouyahia manquait rarement ses rendez-vous de proximité durant lesquels il effectuait un remarquable travail de pédagogie et de sensibilisation politique. Déjà en septembre dernier, le RND annonçait dans un communiqué rendu public à l'issue de la réunion du bureau national, la mise en place d'un «programme d'activités soutenu» à l'occasion de la rentrée politique, et en prévision de la participation du parti aux prochaines élections législatives de 2017. Ce programme, note le RND, comprend la tenue des réunions des coordonnateurs des bureaux de wilayas, l'installation de l'organe national consultatif du parti et l'organisation de séminaires de formation au profit des responsables nationaux et locaux. Le vieux parti opte pour une tout autre méthode. Il remue ses organisations de masse. Après l'Ugta, l'Ordre des architectes, l'Association des agronomes, les organisations estudiantines voilà qu'il crée une association de la société civile. Ould Abbès corse son attelage par la confection, avance-t-il, d'une stratégie électorale concoctée par la commission de prospective présidée par l'actuel ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdesslam Chelgham. Mieux encore, Ould Abbès a plusieurs fers au feu. Parallèlement au travail de cette commission, Amar Tou et Djamel Benhamouda rendront également leurs rapports sur la stratégie à adopter durant cette échéance électorale. Interrogé au sujet des ministres dans les listes électorales, Ould Abbès a été catégorique. La cadence monte crescendo, mais à présent, le souci de l'abstention n'est pas encore abordé par ces deux grosses cylindrées de la scène politique. Mais la bataille, qui s'annonce très rude, ne fait que commencer.