Les réactions qu'on a vues sont venues, d'abord, des Américains eux-mêmes qui, spontanément, sont descendus dans la rue et sont allés envahir les aéroports pour défendre le droit de ces Arabes et musulmans à être traités avec dignité Si le décret anti- musulman, signé par Trump et visant sept pays, avait provoqué une réaction de colère dans les pays musulmans, cela aurait été tout à fait normal et légitime. A la limite, on aurait même dit glorifiant. Oui, parce que lorsqu'on fait l'objet d'un agissement aussi méprisant, la moindre des choses c'est de réagir, ne serait-ce que par la parole, surtout lorsqu'on n'a que les mots pour dire sa misère et pour manifester son incroyable impuissance. Si cela avait eu lieu dans les seuls pays concernés par le décret, on aurait apprécié aussi. D'autant plus qu'il s'agit de pays meurtris qui par une guerre imposée qui ne finit pas, qui par une misère de gouvernants qui ne se raconte plus. Depuis longtemps déjà! On aurait avalé l'amère réalité d'une nation effritée, déchiquetée par ses propres membres, violée par ses propres enfants et dont le pire ennemi n'est autre que la bêtise de ses responsables et l'incompétence de ses gouvernants. Mais rien de tout cela. Les pays musulmans et les pays arabes ont, une fois encore, brillé par leur silence tuant. Ils se sont fait remarquer par leur absence. Absents de leur propre corps et, surtout, anesthésiés contre leur âme, ils n'ont pas bougé les lèvres. Ils n'ont pas remué le petit doigt. Rien, absolument rien n'est sorti de cette partie du monde à part ce qui est insignifiant ou ridicule bien entendu. Cela fait de la peine, beaucoup de peine, lorsqu'on est musulman et arabe soi-même et que l'on ait à regarder ce silence et à supporter cette absence. Sommes-nous inconscients à ce point que le monde est en train de changer à nos dépens? Sommes-nous, à ce point, incapables de dire non à ce qui ne nous convient pas ou de lever la voix contre ce qui nous insulte? c'est malheureusement le cas depuis longtemps déjà. Les réactions qu'on a vues sont venues, d'abord, des Américains eux-mêmes qui, spontanément, sont descendus dans la rue et sont allés envahir les aéroports pour défendre le droit de ces Arabes et musulmans à être traités avec dignité. Elles sont venues de ces Anglais qui, tel un seul homme, se sont élevés contre Trump lui-même et ont demandé à ce que sa visite en Grande-Bretagne, annoncée par leur Premier ministre, soit annulée. Elle est venue des Canadiens qui ont ouvert leurs bras et leurs frontières à ceux qui fuient la guerre, la persécution et la misère. Elle est venue des Danois qui ont jugé inadmissible le comportement du président américain, des Européens en général qui ont osé dire «Non» à ce décret et aux agissements de Trump.Seul l'Iran a eu le cran d'appliquer la réciprocité et d'interdire l'entrée aux Américains de son territoire pendant la même période couverte par le décret de Trump. Un principe reconnu par le bon sens et inscrit dans la Charte des Nations unies. Mais l'Iran, c'est déjà autre chose. La différence entre un corps et un cadavre c'est que, contrairement au corps qui rejette certaines choses qui lui nuisent, le cadavre ne rejette rien. Le rejet de ce qui ne convient pas est la première preuve de vie. Et, comble de malheur, nous ne l'avons pas! Nous ne l'avons plus depuis très longtemps!