Le wali d'Oran, Abdelghani Zaâlane, sauve le chantier en lui accordant une importante rallonge budgétaire estimée à 600 millions de dinars. C'est la disette ou est-ce l'argent qui fait défaut? Du moins pour le moment. C'est ce qu'a laissé entendre le ministre des Travaux publics, Boudjema Talai, en effectuant hier, une visite de travail et d'inspection dans la wilaya d'Oran. En inspectant le chantier de la rocade sud, le ministre ne s'est aucunement gêné pour solliciter sans décence l'entreprise en charge de la réalisation du projet. «Faites-nous don», a sollicité le ministre en s'adressant au réalisateur du chantier, une entreprise privée algérienne. «C'est le cas que nous avons vécu dans la wilaya de Sétif», a expliqué le ministre des Travaux publics. L'entrepreneur est, lui aussi, frappé de plein fouet par la crise. D'ailleurs, il n'a pas dissimulé son inquiétude en répliquant au ministre l'informant de ses «déboires» et problèmes financiers sévissant son entreprise. «Cela fait deux années que nous ne sommes pas payés», a-t-il répliqué avant qu'il ne soit rassuré par le ministre l'invitant à patienter tout en lui expliquant que «les redevances seront réglées». La rocade sud d'Oran, s'étendant sur une trajectoire de 21 km, s'élève à 10, 3 milliards de dinars. Là est le premier échantillon indiquant que la crise financière est toutefois aiguë. Se rendant dans la gare maritime d'Aïn El Turck, il n'a pas raté l'occasion pour faire part ingénieusement de la disette des crédits dans le cadre de la réalisation d'un tel projet devant être réceptionné le mois de mai de l'année en cours. Le budget alloué à l'Entreprise portuaire d'Oran est insuffisant alors que le projet est dans une phase plus ou moins avancée. Le taux d'avancement des travaux est de 52%. Des décisions d'envergure sont à prendre sur le champ. Le wali d'Oran, Abdelghani Zaâlane, intervient pour sauver le chantier en lui accordant une importante rallonge budgétaire estimée à 600 millions de dinars. Initialement, la réalisation du chantier a été estimée à 50 milliards de centimes. Là est la problématique phare qui a été posée avec acuité hier à Oran, l'absence ou encore l'insuffisance des crédits, notamment en ce qui concerne le projet de la gare maritime d'Aïn El Turck. Le ministre de tutelle n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour rendre hommage au wali d'Oran. Il a affirmé en ce sens que «le wali d'Oran a usé de ses relations personnelles pour la concrétisation du projet à partir de zéro dinar». Pourquoi donc achever et livrer vaille que vaille de tels projets alors que plusieurs de ceux-là sont frappés d'insuffisance des budgets qui leur ont été alloués? Le ministre des Travaux publics est, contre toute attente, plus que convaincu de la nécessité d'aller de l'avant tout en relevant les défis attendant son secteur. «Notre mission est d'ouvrir tous les chantiers marginalisés, les exploiter pour une bonne rentabilité dans les plus brefs délais», a expliqué Boudjema Talai. Le ton est à la bonne maitrîse de la situation, crise économique oblige. C'est le cas de la Société nationale des transports ferroviaires, Sntf. Cette entreprise étatique souffre grandement de la fraude. La aussi, le ministre n'a pas fait dans le détail en surprenant plus d'un en affirmant que «70% des usagers des trains ne payent pas leurs billets». Un tel tableau dressé par le ministre lui-même n'est toutefois pas noir laissant croire que des jours meilleurs sont à venir, notamment dans le cadre de l'investissement ferroviaire. L'Etat, explique le ministre, a mis en chantier 12 000 km de lignes ferroviaires dont 2300 km sont en cours de réalisation. «Idem pour la connexion port-chemin de fer», a ajouté Boudjema Talai expliquant que «tous les ports sont connectés au réseau ferroviaire». Le projet de réalisation du port minier de Bethioua est, selon les explications données sur place, d'une importance capitale. Un montant de 18 milliards de dinars lui a été alloué pour une durée de réalisation de 18 mois. Le chantier, dont le taux d'avancement est de 10%, a été lancé au mois d'octobre de l'année dernière. A court terme, ledit port exportera 4 millions de tonnes de produits ferreux durant l'année 2019, avant de passer à 5 millions de tonnes en 2020 et 6 millions de tonnes en 2021.