L'émissaire de l'ONU en Libye, Martin Kobler, a appelé mercredi des factions armées rivales à éviter l'escalade après de fortes tensions et la mobilisation de combattants dans le sud de ce pays plongé dans le chaos. Deux autorités rivales se disputent actuellement le pouvoir : le gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, est basé à Tripoli tandis qu'une autorité rivale est installée dans l'Est, où une grande partie de la région est contrôlée par les forces du maréchal Khalifa Haftar. Selon des médias libyens, des combattants des puissantes milices de Misrata (200 km à l'est de Tripoli) qui ont rallié le GNA, et les forces de Haftar sont sur le qui-vive depuis une attaque lundi contre un avion militaire transportant des officiers et des dignitaires de Misrata se rendant à des obsèques dans le sud du pays. L'appareil a été touché par des tirs provenant des forces du maréchal Haftar alors qu'il se trouvait sur la piste de la base aérienne de Joufra, selon ces médias. Plusieurs militaires ont été blessés et un civil tué dans l'attaque condamnée par le GNA. Après l'attaque, les milices de Misrata ont dépêché des renforts dans la région de Joufra et celle proche de Sebha, à plus de 600 km au sud de Tripoli, avec l'objectif selon elles de «sécuriser la zone», ont précisé des chaînes de télévision. Les forces de Haftar disent vouloir combattre les «terroristes». Craignant l'escalade, Martin Kobler a estimé sur son compte Twitter que «la tension dans le sud est source d'inquiétude» et exhorté «toutes les parties à faire preuve de retenue». Dans un communiqué séparé, il a «mis en garde contre un risque d'escalade pouvant mener à un renouvellement du conflit en Libye» et appelé les Libyens «à résoudre leurs différends par le dialogue (...)» . Issu d'un accord interlibyen, parrainé par l'ONU, le GNA dirigé par Fayez al-Sarraj n'est toujours pas parvenu à asseoir son autorité, n'ayant pas pu à ce jour obtenir la confiance du Parlement élu siégeant à Tobrouk (est). D'ailleurs Khalifa Haftar puise sa légitimité dans ce Parlement. Les milices de Misrata avaient joué un rôle principal dans la reprise début décembre de la ville de Syrte (450 km à l'est de Tripoli) au groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (Daech/EI).