Il sera question, lors de cette rencontre, du suivi des décisions prises lors de la dernière tripartite. Nous apprenons, de sources gouvernementales sûres, que le chef du gouvernement compte recevoir le secrétaire général de l'Ugta, mais aussi les dirigeants des organisations patronales, dans le cadre du suivi des nombreuses décisions prises lors de la tripartite historique du début du mois dernier. Les mêmes sources soulignent que la principale question, qui sera débattue lors de cette rencontre, aura trait à la révision du fameux article 87 bis de la loi 90-11. L'accord, qui devrait intervenir avant la fin de cette année, verra ses incidences financières prises en charge par la loi de finances complémentaire, dont l'entrée en vigueur est attendue pour le mois de juillet prochain. Ces incidences annuelles, comme l'avait souligné Ahmed Ouyahia dans le procès-verbal final, seraient de 200 milliards de dinars pour la Fonction publique et de 40 autres milliards pour le secteur économique public. Le montant serait au moins double au niveau du secteur privé, dont les données chiffrées n'existent nulle part pour le moment. C'est pour cette raison que la poire a toutes les chances d'être coupée en deux, afin de revaloriser les salaires des travailleurs sans «nuire» grandement aux finances publiques, mais aussi aux entreprises créatrices d'emplois et de richesses. Cet équilibre, difficile à trouver, est toutefois nécessaire, compte tenu du fait que la relance du secteur productif et même la venue d'investisseurs nationaux et étrangers sont avant tout tributaires de l'amélioration du pouvoir d'achat. Il sera également question, lors de cette rencontre, de l'état d'avancement du projet de pacte social, dont la signature doit intervenir au mois de septembre prochain. La démarche, nous indique-t-on, a reçu l'aval de l'ensemble des parties, y compris l'Ugta. Dans un récent entretien que nous avait accordé Sidi-Saïd, il admettait le fait que ce pacte signifie l'instauration d'une trêve sociale, ce qui n'empêche pas que des grèves sporadiques puissent avoir lieu. Document global, se fixant pour tâche de traiter la plupart des sujets soulevés lors de la tripartite passée, le pacte social aura également à se pencher sur l'état d'avancement de la lutte contre le commerce informel. Des opérations coup de poing ont déjà eu lieu au niveau de nombreux marchés où les trabendistes ont été contraints de plier bagage. Ce signe de bonne volonté de la part des pouvoirs publics ne serait que la première étape d'une série de mesures initiées, dont la principale a trait au projet de loi de lutte contre la corruption, rendue nécessaire par l'entrée en vigueur de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne. Le commerce informel, de même que la corruption et l'évasion fiscale, coûtent au Trésor public, chaque année, des centaines de milliards de dinars. Ils causent également aux investisseurs, tant nationaux qu'étrangers, des préjudices énormes à travers l'instauration d'une concurrence déloyale dans laquelle il est extrêmement difficile d'évoluer sainement. Il convient même de souligner que l'éradication du commerce informel est l'une des principales conditions posées par l'OMC (Organisation mondiale du commerce) avant que notre pays n'y soit admis. C'est en partie ce qui explique la façon avec laquelle le gouvernement s'est montré réceptif aux sollicitations du patronat, soutenu en cela par une Ugta prête à faire un bout de chemin avec les employeurs, pour peu que le renvoi d'ascenseur ne se fasse pas trop attendre.