La Syrie a accusé vendredi soir la Turquie d'envoyer des équipements dans le nord du pays pour y construire un mur de séparation, a rapporté l'agence de presse officielle Sana. Le Pentagone a indiqué vendredi soir que les dirigeants du groupe terroriste «Etat islamique» (EI/Daesh) ont commencé à quitter la ville syrienne de Raqqa, leur capitale de facto, fuyant devant l'avancée de l'alliance arabo-kurde soutenue par la coalition internationale «Nous commençons à voir que beaucoup de hauts dirigeants de l'EI, beaucoup de leurs cadres, commencent à quitter Raqqa», a indiqué le capitaine de vaisseau Jeff Davis, porte-parole du Pentagone. «Ils ont de toute évidence pris en compte le fait que leur fin est proche à Raqqa», a-t-il ajouté, évoquant un retrait «très organisé, très ordonné». Avec la ville de Mossoul en Irak, Raqqa est l'autre grand objectif de la coalition internationale. Les Forces démocratiques syriennes, une alliance arabo-kurde, ont lancé une offensive le 6 novembre. Avec l'objectif pour l'instant «d'isoler» la ville syrienne, en coupant tous ses axes de communication vers l'extérieur. Pour le Pentagone, cet objectif est presque atteint. Selon l'armée américaine, les terroristes ne disposent plus que d'une seule voie, au sud-est de la ville. Située le long de la rive nord de l'Euphrate, elle relie Raqqa à Deir Ezzor, a indiqué le capitaine Davis, restant flou sur la zone de repli des terroristes. Les routes vers le nord ou l'ouest sont bloquées par les Forces démocratiques syriennes et, vers le sud, par la destruction des ponts sur l'Euphrate, a indiqué le porte-parole du Pentagone. Si les opérations «d'isolement» de la ville ont bien progressé, la coalition n'a en revanche pas encore dévoilé son plan pour reprendre la cité. Parallèlement, Damas a accusé vendredi soir la Turquie d'envoyer des équipements dans le nord du pays pour y construire un mur de séparation, a rapporté l'agence de presse officielle Sana. Dans une lettre adressée à l'ONU condamnant cette initiative, le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé les incursions incessantes du gouvernement turc sur le territoire syrien. Le 11 janvier, les forces militaires et les gardes-frontières turcs ont envoyé des machines lourdes et des camions dans le nord de la Syrie, particulièrement dans la campagne du nord de la province de Hasakah, pour y construire une route en terre et creuser une tranchée, dans l'objectif de faciliter l'installation de piliers de ciment. Trois jours plus tard, les forces turques se sont avancées de 250 mètres sur le territoire syrien, dans la ville d'Arab Tuma dans le nord de la province d'Alep, pour y construire une route de 2 km et une barrière de séparation. Selon le ministère syrien, les camions turcs ont détruit 2 500 oliviers dans la ville de Sheikh Hadid et dans les régions occupées, avançant la barrière frontalière entre la Syrie et la Turquie de 100 mètres, avec une longueur de 600 mètres. Les forces turques ont répété ces mouvements au nord-ouest dans la province d'Idlib, qui borde aussi la Turquie, occupant six acres de terre dans la région de Harem, pour construire un mur de séparation. Selon le ministère syrien, les autorités turques ont construit une base militaire avec des dépôts d'armes et des casernes pour les officiers et les soldats turcs dans le village de Jitar, dans la province d'Alep. Le ministère a condamné cette «incursion», ajoutant qu'il s'agit de la poursuite d'une série de violations commises par la Turquie, qui a apporté du soutien logistique et du matériel militaire aux rebelles, facilitant également l'entrée en Syrie des «terroristes» étrangers, formés par les services de renseignements turcs. Le ministère a exhorté l'ONU à faire cesser ces «violations contre la Syrie», ainsi qu'«à mettre en oeuvre les résolutions proposées par le Conseil de sécurité visant à lutter contre le terrorisme».