Au fait Monsieur Fillon, la colonisation est ou n'est-elle pas un crime abominable contre l'humanité? Chiche! La démocratie, nous dit-on, repose sur la diversité d'opinions et la liberté d'expression. Soit! Elle est bâtie, insiste-t-on, sur le respect de l'Autre et de sa différence. Soit! Alors pourquoi certains se lèvent-ils si brusquement et avec autant de vacarme lorsqu'ils apprennent que d'autres ont eu des idées différentes que les leurs? Pourquoi d'aucuns, enfoncés dans le creux du fauteuil de leur myopie, s'insurgent-ils dès qu'ils entendent quelqu'un parler d'une nouvelle manière de voir les choses? Et, disons le franchement, pourquoi la démocratie se met-elle à rougir dès que quelqu'un ose sortir des préjugés et des fausses idées, toute faites, des séniles, des oublieux et autres malades mentaux? C'est cette question que j'ai eu envie de poser, de hurler, lorsque j'ai vu Macron interpellé par les siens à propos de sa déclaration sur le caractère criminel et barbare de la colonisation française en Algérie. Ces faux intellectuels qui vous rotent de toutes leurs forces que, «oui, la colonisation est un crime» mais qui crient au scandale dès que vous voulez l'appliquer à la colonisation française de l'Algérie. Ces pseudos civilisés qui reconnaissent, sans rougir, que la colonisation est une barbarie, mais qui sursautent d'indignation si vous le leur dites à propos de la colonisation française de l'Algérie. Heureusement que tout le monde n'est pas harki ou fils de harki. Et il se trouve, heureusement, certains qui voudraient juste être cohérents avec eux-mêmes. Qui voudraient penser à leur aise, regarder le monde comme ils croient que le monde est fait et dire les choses comme ils croient que les choses doivent être dites. C'est-à-dire dire ce qu'ils pensent. Ces gens-là ont eu, à chaque fois le mérite d'exprimer leurs opinions avec courage et, chacun à sa manière. Il y a ceux qui, dans le feu de l'action, ont épousé carrément la cause du peuple algérien et ils sont si nombreux qu'on ne peut les énumérer ici. Il y a ceux qui l'ont défendue contre leur propre gouvernement tout en restant là où ils étaient à l'origine. Il y a ceux qui, malgré tout, comprennent la douleur d'un peuple agressé sur sa terre, spolié de ses richesses, blessé, meurtri, chassé de son propre sol... et qui ont témoigné leur soutien. Il y a aussi ceux qui osent dire, et c'est déjà beaucoup au regard des oublieux et des fossoyeurs de l'Histoire, que «la colonisation française en Algérie est un crime contre l'humanité, une barbarie». C'est le cas, par exemple, de Macron, le candidat à la prochaine présidentielle française lors de son passage en Algérie récemment. Si la colonisation est une barbarie, qu'est-ce qui empêcherait la colonisation française de l'Algérie d'en être une? Et si la colonisation est un crime contre l'humanité, qu'est-ce qui empêcherait cette même colonisation française de l'Algérie d'en être une? A part les fausses certitudes de certains malades, je n'arrive pas à trouver d'explication à ce comportement contradictoire et déchiré. Encore une fois, il ne suffit pas de nier quelque chose pour s'en débarrasser. Le crime reste un crime et il est imprescriptible et le crime contre l'humanité reste un crime contre l'humanité et, lui aussi, est imprescriptible. Qu'on l'avoue et le reconnaisse ou non, cela ne change pas beaucoup pour la victime. Le mal est fait. Les morts sont morts. Les blessures ont été pansées tant bien que mal. Et le peuple s'est remis depuis longtemps sur son chemin. A sa manière, avec ses moyens. Mais pour le bourreau c'est important de se libérer du poids d'une conscience souillée. Si important d'alléger cette conscience, à moins qu'elle ne soit plus là. Qu'une Le Pen s'exclame d'étonnement devant la déclaration de Macron, cela passe encore, car on sait qui est Le Pen et on sait même un peu plus. Mais qu'un Fillon dont les manoeuvres mercantiles ont été mises à jour en fasse de même, voilà qui ne peut qu'étonner. N'est-ce pas lui qui avait dit, l'autre jour, que «la colonisation est une barbarie, un crime abominable». Que trouve-t-il d'offensant dans les paroles de Macron? Le fait que ce ne soit pas lui qui les ait dites? Possible. En tout cas, il ferait mieux de s'occuper de faire sa toilette car, éclaboussé comme il est, ce n'est pas cette histoire qui le rendra plus potable pour les Français. Au fait Monsieur Fillon, la colonisation est ou n'est-elle pas un crime abominable contre l'humanité? Chiche!