Un diplomate chevronné, un cardiologue et un avocat représenteront les deux parties du conflit syrien lors des négociations qui débutent demain à Genève pour tenter de trouver une solution à six ans de guerre. Bachar al-Jaâfari, ambassadeur syrien à l'ONU, représentera le régime de Damas tandis que Nasr al-Hariri et Mohammad Sabra seront à la tête de la délégation de l'opposition. M. Jaâfari, 61 ans, est l'un des plus éminents visages de la diplomatie syrienne et un défenseur inconditionnel du régime depuis l'éclatement du conflit en 2011. Licencié en littérature française, détenteur d'un doctorat en Sciences politiques de la Sorbonne, il parle couramment le français, l'anglais et le persan, outre l'arabe. Musulman alaouite, comme le président Bachar al-Assad, Jaâfari a entamé sa longue carrière diplomatique en 1980. Ambassadeur à l'ONU depuis 2006, il a rejeté les rapports des Nations unies sur les graves violations des droits de l'homme perpétrées par le régime, comme l'attaque à l'arme chimique dans la Ghouta orientale dans la province de Damas en 2013, qui avait fait des centaines de morts. Les Etats-Unis ont restreint ses mouvements depuis 2014 et il ne peut circuler que dans un périmètre de 40 km autour de New York. Le Haut Comité des négociations (HCN), qui rassemble des groupes clés de l'opposition, a opté pour des figures extérieures au milieu militaire pour le représenter à Genève. Cette délégation sera présidée par Nasr al-Hariri, 40 ans, médecin spécialisé en cardiologie. Anglophone, il est originaire de la ville de Deraâ (sud) où avaient éclaté les premières manifestations contre le régime en mars 2011, avant qu'elles ne dégénèrent en conflit sanglant qui a fait plus de 310.000 morts et provoqué la destruction massive des infrastructures du pays. Selon plusieurs sources, sa confrontation avec Jaâfari risque d'être difficile en raison de leurs caractères respectifs. Mohammad Sabra, avocat exigeant et expérimenté, sera le négociateur en chef du HCN. Il remplace Mohammad Allouche, du groupe rebelle salafiste Jaich al-Islam, qui avait représenté l'opposition lors de la dernière série de pourparlers en mars 2016.En 2014, Sabra faisait déjà partie d'une équipe présente lors des négociations de paix en Suisse et était négociateur dans la délégation de l'opposition qui s'est rendue à Genève l'année dernière. En tant que conseiller juridique de délégations précédentes, Sabra connaît bien son sujet, affirment ceux qui le connaissent. Il a travaillé en étroite collaboration avec le Conseil national. En 2014, Sabra a quitté la Coalition nationale et cofondé le parti d'opposition Joumhouriya (la République). Aujourd'hui basé aux Emirats arabes unis, il est resté discret au cours des dernières années.