«La lettre de mise en garde» n'épargne pas le mouvement citoyen. Le Front des forces socialistes ne retirera pas ses élus de Kabylie. C'est la décision prise par la conférence nationale des élus de cette formation, actuellement sous pression du pouvoir depuis la reprise du dialogue pouvoir-archs. En effet, au lendemain de la démission des élus RND des instances locales de la région, et plus récemment l'invitation faite par le FLN à ses propres élus de suivre l'exemple de leurs collègues du parti d'Ouyahia, les regards de l'opinion étaient braqués sur le FFS. Très attendue, la position officielle du parti d'Aït Ahmed a été rendue publique hier dans une «lettre de mise en garde» par laquelle le vieux parti d'opposition «qui refuse de se plier au diktat des décideurs (...) appelle ses militants, ses élus et ses sympathisants à se mobiliser et à rester déterminés pour déjouer pacifiquement les complots et les machinations sournoises du pouvoir et de ses supplétifs locaux». Prenant à témoin «l´opinion publique nationale et internationale contre l´entreprise de dislocation politique, économique et sociale de la région de Kabylie», le FFS met en garde contre «les risques d´une relance irrémédiable de la violence», en cas de «dissolution des assemblées locales». Pour le FFS, une telle éventualité peut «provoquer des conséquences incalculables, et dont la seule responsabilité incombera au pouvoir». «La lettre de mise en garde» qui n'épargne pas le mouvement citoyen, l'accusant d'être un relais du pouvoir dans la région, énumère pas moins de six violations de la loi qui régit le fonctionnement de la République. Ainsi, rapporte le document, une dissolution des APC par voie de décret présidentiel est en contradiction avec le décret n°02-272 relatif au dispositif électoral de surveillance des élections locales du 10 octobre 2002. Le FFS estime également que l'instruction présidentielle relative aux élections locales s'en trouve bafouée dans le cas d'une décision allant dans le sens de la dissolution des assemblées élues. Plus encore, la lettre de mise en garde parle de violation pure et simple des codes communal et de wilaya, de la loi organique relative au régime électoral et de la Constitution. En relevant ces «violations de la réglementation», le FFS veut accréditer la thèse selon laquelle, «l´incapacité du pouvoir et de ses relais à mobiliser la population pour contraindre les élus à renoncer à leur mandat et à leur mission politique est la raison essentielle du recours au coup de force, à l´illégalité et à l´arbitraire». Pour le parti d'Aït Ahmed, enfin, «la stratégie mise en oeuvre par le pouvoir ne fait que renseigner davantage sur son irresponsabilité politique. Cet entêtement à tenter de discréditer le politique, ne le conduit pas moins qu´à multiplier les facteurs de désintégration sociale et à semer les germes d´un effritement de la cohésion nationale».