La commission, dont Ben Bella est le président d'honneur, s'apprête à transmettre 5 400 dossiers à Bouteflika. Comme il nous a été donné de le constater personnellement sur le terrain, la plupart des groupes terroristes n'attendent qu'un signe de la part des autorités compétentes pour quitter les maquis et se réinsérer au sein de la société. En parallèle, et pour ne pas contrecarrer cette démarche, ratissages et autres bombardements ont été réduits à leur strict minimum. Ces informations ont été confirmées hier par Abderrezak Smaïl, président de la Cnag (Commission nationale pour l'amnistie générale). Celui-ci évoque carrément «des contacts directs avec des groupes terroristes qui ont cessé toute action subversive depuis de nombreux mois en attendant la promulgation du décret présidentiel portant amnistie générale». Abderrezak Smaïl explique que «ces contacts ont été rendus possibles grâce à la présence, dans les rangs de la Cnag, de nombreux anciens terroristes armés qui connaissent parfaitement le terrain, mais aussi de membres des familles des activistes toujours en armes». Ainsi, le président de la Cnag explique que «cinq wilayas sont concernées par ce mouvement de masse». Il s'agit, selon lui, d'«Annaba, Skikda, Médéa, Tizi Ouzou et Bouira». Les groupes concernés, qui indiquent «avoir été trompés», et «n'avoir aucun lien avec Al Qaïda», font partie du Gspc (Groupe salafiste pour la prédiction et le combat) que dirige Droudkal, le Gspd (Groupe salafiste pour la prédiction et la daâoua) que dirige Souane et les quelques groupuscules du GIA, disséminés au centre et à l'est du pays depuis que sa direction a été décapitée à Alger, Blida et Chlef, lors d'une importante opération combinée et largement médiatisée à la suite d'un communiqué rendu public par le ministère de l'Intérieur. Dans le détail, Abderrezak Smaïl révèle que «les groupes de la Cnag se sont déjà déplacés à Annaba, Khemis Miliana et Skikda où des groupes composés de 150 et 120 membres ont été approchés». En tout, ajoute encore le président de la Cnag, «environ 400 activistes en armes, ce qui représente plus de 95 % des éléments terroristes encore présents dans les maquis». Il en ressort ainsi, que dans le cas où le programme présidentiel portant instauration d'une amnistie générale et rétablissement de la réconciliation nationale aboutit, l'Algérie en finira quasi définitivement avec le terrorisme puisque les groupuscules qui refusent encore de se conformer à l'ultime chance qui leur est offerte «seront considérés comme des bandits et recevront le traitement sécuritaire qui leur convient». Sur un autre registre, Abderrezak Smaïl révèle que «les anciens terroristes, qui ont bénéficié initialement de la concorde civile demandent, eux aussi, des aides sociales diverses en vue de pouvoir se réinsérer au sein de la société». En tout, apprend-on, «pas moins de 5400 dossiers ficelés ont été récoltés et doivent être transmis dans les prochaines semaines au président de la République». Ces dossiers concernent aussi bien les terroristes recensés dans les maquis que ceux qui se sont déjà rendus dans le cadre de l'application de la concorde civile. Abderrezak Smaïl, qui sait que le traitement d'autant de dossiers liés à une question aussi sensible nécessite beaucoup de temps, mais aussi une préparation politique et psychologique de longue haleine, a estimé que «le référendum relatif à l'amnistie générale pourrait ne pas avoir lieu avant la prochaine rentrée sociale, c'est-à-dire d'ici au mois de septembre prochain». Si pas mal de spéculations et de doutes persistent, donc, à propos de la date de l'instauration de la réconciliation nationale, comme l'a précisé à maintes reprises le président Bouteflika lui-même, il n'en demeure pas moins certain que cette ultime étape dans le règlement de la crise sécuritaire algérienne mettra un terme définitif aux résidus de terrorisme dans le pays.