François Fillon, de plus en plus isolé et même ses amis le désertent L'inquiétude et l'impatience de ses partisans, dont nombreux se sont déjà défilés vers des horizons plus calmes, ne semblent pas décider le candidat de la droite à prendre une décision ferme. «Imaginez donc le général de Gaulle mis en examen!», disait-il dans le premier débat télévisé de la primaire de la droite et du centre. Tout le monde avait compris qu'il attaquait, de manière fort sournoise, Sarkozy et Juppé. «Si je suis mis en examen, je me retire de l'élection», précisait-il quelques semaines après. Lui, c'est Fillon, c'est François Fillon l'ex-Premier ministre de Sarkozy, le vainqueur de la primaire de la droite et du centre et le candidat unique des Républicains. Tout le monde a, encore dans les oreilles, cette phrase assassine dans laquelle il était allé chercher l'exemple du général De Gaulle et tout le monde connaît l'impact mortel qu'elle avait eu sur ses adversaires du jour. De même sa déclaration sur son intention de se retirer en cas de mise en examen a été bien «reçue» par les Français. L'homme jouait sur la morale et sur les bonnes valeurs pour se faire admettre par les électeurs. Premier coup dur, l'affaire de l'emploi fictif qu'il aurait accordé à son épouse. Cela soulevait un pan du voile sur la personnalité de l'homme. Il ne suffit certes pas de dire avoir des valeurs, encore faut-il les avoir en réalité. Une partie des Français, se sentant trahie, avait aussitôt retiré sa confiance au candidat à la présidentielle qui commença alors à chuter dans les sondages après avoir été porté haut par les intentions de vote de ces mêmes électeurs. Deuxième coup dur, la convocation du candidat Fillon par le parquet financier. Ceci fit beaucoup mal à l'ex-Premier ministre qui, malgré tout, essaya de tenir bon. Des voix de son propre camp s'élevèrent alors pour lui demander de se retirer car, soutenaient-ils, il risquait d'être mis en examen et de priver la droite d'avoir un candidat pour les élections. Mais tant qu'il avait l'espoir de ne pas être mis en examen, il refusait de céder et continuait de s'imposer comme le candidat incontournable. Le Parlement a voulu lui donner un bon coup de main en proposant la prescription des délits financiers datant de plus de 12 ans, juste ce qu'il lui fallait pour prescrire les délits qu'on lui reprochait et échapper à la mise en examen, mais le Parquet national financier, sentant la manoeuvre éhontée, se dépêcha de transmettre le dossier à la justice. Hier, par le biais de ses avocats, cette même justice lui signifia qu'il allait être convoqué pour le 15 mars afin d'être mis en examen. Là, Fillon, n'a plus que le choix entre tenir la promesse faite aux Français qu'en cas de mise en examen, il se retirerait ou bien faire comme si de rien n'était et continuer sa campagne. Dans le premier cas, il aurait fait perdre beaucoup de temps à son parti dans le choix d'un candidat de remplacement et, dans le second cas, il priverait son parti éventuellement d'une participation aux prochaines élections. Apparemment Fillon ne veut plus se retirer. Auquel cas les belles paroles à propos de De Gaulle et de la morale ne seraient que des paroles de campagne, juste bonnes à jeter aux yeux des électeurs, mais, en face, parions que des voix vont s'élever et que le ton va se faire très ferme à son encontre. Ceux qui ne veulent pas que le parti LR rate la participation aux élections vont rapidement lui demander de se retirer, faute de quoi il est probable que des candidatures hors parti verraient le jour. Partira? Ne partira pas? La réponse est pour les tout prochains jours! Le fait d'avoir tenu à rester jusque-là est en soi une grande erreur de Fillon et de son parti qui l'a laissé faire. Il fallait se retirer des lieux depuis longtemps. Maintenant il est difficile de réparer les énormes dégâts. Le temps restant est insuffisant pour choisir un candidat de remplacement et lui faire mener une campagne à partir du début.