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Une droite française aux abois!
Publié dans L'Expression le 07 - 03 - 2017

On comprend que le candidat François Fillon ait axé, en novembre dernier, le débat sur la probité en politique. C'est la moindre des choses que des hommes appelés, ou postulant, à conduire les affaires de l'Etat soient d'une intégrité morale sans tâche. Or, nombreux étaient les candidats à traîner derrière eux des casseroles. Alain Juppé - alors favori des médias - a été condamné en 2004, à 14 mois de prison avec sursis, dans une affaire de «prise illégale d'intérêt» et à un an d'inéligibilité dans une affaire d'emplois fictifs; Nicolas Sarkozy est mis en examen dans l'une de ses nombreuses affaires en justice, entre autres pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2007. Ces deux personnalités étaient à l'époque les plus en vue pour représenter la droite à la présidentielle française. Aussi, le fait que François Fillon, mette en avant la probité en tête de ses priorités et de ses préoccupations avait-il été accueilli comme un souffle d'air frais pour une droite dont les leaders englués dans des affaires plus ou moins graves de concussion, faisaient les unes des médias plus pour leurs déboires que pour leurs idées politiques. Dès lors qu'un candidat excipe de la nécessité pour un homme politique [qui postule aux hautes charges de l'Etat] d'être propre, voilà qui est nouveau! Patatras! Le probe Fillon se fait [à son tour] rattraper dans une affaire d'emplois fictifs aggravée de népotisme, puisque ce sont des membres de sa famille - son épouse Penelope et ses deux enfants - qui sont les acteurs du nouveau scandale qui frappe la droite française. En fait, à l'époque - lorsqu'il évoqua la probité intellectuelle et morale pour ceux qui veulent diriger la France - François Fillon cherchait surtout à se débarrasser des deux poids lourds, Nicolas Sarkozy - ex-président, 2007 à 2012 - et Alain Juppé, vétéran de la droite hexagonale qui ont eu ou ont affaire à la justice. Ce qui lui fait dire «imagine-t-on De Gaulle se présenter alors qu'il est mis en examen?» Il avait si bien fait les choses que Fillon, qui n'apparaissait pas dans les sondages, avait laminé ses deux adversaires les renvoyant à leurs chères études. Or, voici donc ce moraliste piégé dans des affaires de concussion. Ce nouveau scandale est celui de trop, tant pour la droite française que, plus généralement, pour la classe politique dans son ensemble qui se surprend à se faire prendre la main dans le sac de la malversation. Triste. Avec comme résultat une campagne présidentielle française inaudible, et une débandade honteuse des soutiens de Fillon qui découvrent soudain que des affaires urgentes les appelaient ailleurs. Il nous vient à l'esprit cette métaphore des rats qui quittent le navire sur le point de couler. C'est l'impression que donnent des politiciens de droite qui désertent en rangs serrés le champ de bataille. En fait, c'est la débâcle pour les sénateurs et députés, soutiens de François Fillon, qui se défilent les uns après les autres, n'ayant même pas ce sens de l'honneur qui leur recommande de se tenir aux côtés d'un homme blessé. Pour Fillon, c'est la bérézina, qui constate qu'en politique les sentiments d'entraide, de commisération ça n'existe pas. La seule réalité c'est la carrière politique, ainsi que l'illustre de manière dégradante la désertion des soutiens du candidat Fillon. Aujourd'hui, on fait les gorges chaudes de l'affaire Penelope Fillon, alors que l'une des constances - si cela se trouve - des politiques français a été la prévarication dont ils en ont usé et usent avec un art consommé. Emplois fictifs, financements illégaux, corruption ont de tout temps accompagné les hommes désirant faire carrière dans la politique. Nombreuses ont été les affaires étouffées, pour quelques-unes connues, qui ont éclaboussé des grands commis de l'Etat français. D'ailleurs, en septembre 2011, dans une interview retentissante au Journal du Dimanche (JDD) l'avocat franco-libanais, Robert Bourgi, lança une bombe, en affirmant qu'il y avait un financement occulte de la vie politique française par certains chefs d'Etat africains, mouillant le ban et l'arrière-ban de la classe politique française. Cela a été un énorme scandale. Il est patent que dans le milieu corrompu de la politique, la candeur et la probité ne pouvaient coexister. L'affaire Fillon en donne une illustration grandeur nature.
En fait, le spectacle que donnent les politiques français est rien moins que désolant!

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