À 51 jours de la présidentielle française, l'entourage d'Alain Juppé a fait savoir hier qu'il était prêt à remplacer le candidat de la droite François Fillon, qui affronte une hémorragie de ses soutiens en raison du scandale des emplois fictifs présumés. Alain Juppé, ancien Premier ministre écarté au deuxième tour de la primaire de la droite, "ne se défilera pas si les conditions sont remplies : il faut que François Fillon se retire de lui-même et que sa famille de la droite et du centre, Les Républicains, soit unanimement rassemblée derrière lui", a fait savoir son entourage. "Alain Juppé n'est pas un putschiste, il ne poussera jamais (François) Fillon dehors, et il n'est à l'initiative d'aucun complot", a assuré la même source. M. Juppé avait jusqu'ici démenti être prêt à revenir dans la course à la présidentielle d'avril-mai. Depuis l'annonce, mercredi, de sa probable mise en examen dans l'affaire des emplois présumés fictifs de son épouse, Pénélope, François Fillon doit faire face à de nombreuses défections dans son équipe de campagne et à des appels dans son camp à son retrait. Son porte-parole Thierry Solère, qui figurait parmi les soutiens les plus fidèles du candidat conservateur, a annoncé, hier matin, sa démission. "Organisateur de la primaire, j'ai décidé de mettre fin à mes fonctions de porte-parole de François Fillon", écrit-il sur Twitter, rejoignant ainsi la longue liste des défections depuis mercredi parmi les soutiens de l'ex-Premier ministre, mis en cause avec des membres de sa famille dans une affaire d'emplois présumés fictifs. "Il ne peut plus être candidat parce qu'il ne peut plus mener une campagne sur le fond pour défendre des idées et un idéal républicain et démocratique", a estimé hier l'ancien Premier ministre Dominique Villepin, en écho des multiples critiques qui s'élèvent dans les rangs de la droite et du centre depuis que le candidat conservateur a annoncé mercredi sa prochaine convocation chez les juges en vue d'inculpation. La prise de position prudente d'Alain Juppé représente un pas en avant pour le maire de Bordeaux qui s'est jusqu'à présent tenu à une "règle de loyauté" vis-à-vis du champion de la droite. Le journal Le Parisien assure vendredi que l'ancien président Nicolas Sarkozy, jusque-là totalement opposé à cette alternative, aurait finalement donné son feu vert. La pression judiciaire s'est accentuée sur François Fillon, avec une perquisition jeudi à son domicile parisien dans le cadre de l'enquête sur les salaires touchés par son épouse et ses deux enfants comme assistants parlementaires. Convoqué chez les juges le 15 mars prochain, François Fillon a répété avec force, jeudi soir, sa détermination à aller jusqu'au bout en se décrivant comme "un combattant", devant des militants chauffés à blanc. R. I./Agences