«Le pouvoir détient les vrais chiffres des disparus et c'est à lui de régler cette question de façon juste et équitable.» Le leader du parti d'El Islah, Abdallah Djaballah, a conditionné son adhésion au projet d'amnistie générale évoquée par le président de la République en novembre dernier, par la satisfaction de six principaux points. «Nous disons oui à une amnistie qui englobe tous les aspects de la crise que vit le pays et par l'ouverture de tous les dossiers sans exception», a déclaré Abdallah Djaballah hier, lors de son passage au Forum organisé par le quotidien arabophone El-Youm. Les six conditions de Djaballah concernent les groupes armés, les disparus, les exilés, les détenus politiques, les licenciés de leur emploi et enfin les services de sécurité impliqués dans la crise. Considérant «l'amnistie comme un paramètre important dans le règlement de la crise multidimensionnelle de notre pays», Djaballah a mis en avant l'idée d'une amnistie globale qui tranche avec la vision du vainqueur et du vaincu. Aussi, il a revendiqué le droit à la citoyenneté « entier et non tronqué comme annoncé par le chef de l'Etat qui parlait simplement du droit à la vie des groupes armés et des islamistes directement impliqués dans la tragédie nationale». Quoique affaibli par la crise interne à laquelle il fait face au sein de son parti, Djaballah dans sa position par rapport à l'amnistie générale, ne fera que renforcer les contestataires au projet du président. Ali Yahia Abdenour, le FFS, le PT et les familles des victimes de terrorisme se sont tous montrés sceptiques et émis des réserves. Au sujet de ces derniers Djaballah a relevé que la question demeure un point noir dans la conscience algérienne.»Il faut en finir avec ces contradictions dans les chiffres avancées par les familles des victimes, les organisations de défense des droits de l'Homme et la commission de Ksentini. C'est le pouvoir qui détient la réalité des chiffres et c'est à lui de régler cette question de manière juste et équitable». Sur le dossier portant crise de Kabylie, Abdallah Djaballah a pointé le doigt sur les autorités. «Dès le début de la crise, le pouvoir a mal géré la donne», a-t-il affirmé soulignant que «par rapport à la Kabylie, le pouvoir a toujours réagi comme s'il avait à faire à une région rattachée au pays et non comme une partie intégrante du territoire national». La reprise du dialogue avec le mouvement des archs n'est pas de nature à régler la crise de Kabylie, selon le président d'El Islah qui pose le préalable d'un dialogue national avec toutes les parties agissantes de la société «tant les problèmes posés en Kabylie sont vécus par toute la population» algérienne. De même qu'il estime également que «la visite que vient d'effectuer le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, en Kabylie, ne pansera pas les blessures». Foncièrement opposé à l'officialisation de la langue amazighe, Djaballah revendique un référendum populaire sur cette question. Au sujet de la crise qui secoue son parti depuis une année, Djaballah a été très peu loquace. Dans son intervention, il a passé sous silence cette crise de son parti qu'il estime définitivement réglée. Il en veut pour preuve la conférence nationale que tiendra son parti au début du mois de mai pour clore définitivement cet épisode.