«Je n'ai jamais vu l'Opep respecter autant des accords...», a reconnu l'analyste James Williams, de Wtrg. Les prix du pétrole se maintiennent certes dans une étroite fourchette entre 55 et 57 dollars. Il n'empêche que ce niveau est de bon augure pour l'Algérie. Des perspectives optimistes sur fond de tripartite (gouvernement, patronat, Ugta) qui vient tout juste de s'achever sur des prévisions qui virent plutôt au vert. Les réserves de changes doivent se maintenir à un niveau appréciable, autour des 100 milliards de dollars en 2017 avec comme priorité de ramener une facture des importations, qui mine l'économie nationale à 30 milliards de dollars. Ce qui aura comme conséquence inévitable de regonfler la trésorerie du pays sérieusement malmenée par la dégringolade des prix de l'or noir au point de mettre à mal les équilibres budgétaires. La balance commerciale a subi un recul de plus de 17 milliards de dollars en 2016 par rapport à 2015. L'économie nationale, qui reste étroitement chevillée à ses exportations d'hydrocarbures, a vu ces dernières sensiblement baisser au point de passer de 32,69 milliards de dollars en 2015 à 27,1 milliards de dollars en 2016. Pour avoir un ordre de grandeur de cette érosion des recettes pétrolières, il faut se rappeler qu'elles avaient atteint 68 milliards de dollars en 2008. C'était l'âge d'or de l'or noir, avant qu'il n'entame sa dégringolade vers la mi-juin 2014. Sa résurrection a été provoquée après l'accord historique conclu à Alger le 28 septembre 2016 lors d'un sommet de l'Opep tenu en marge du 15ème Forum international de l'Energie. Il a été couronné par une baisse de près de 1,8 million de barils par jour décidée, le 10 décembre à Vienne, par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et 11 pays producteurs hors Opep. Entrée en action depuis le 1er janvier, elle oppose une résistance certaine au retour de la production de pétrole de schiste américain. De nombreux experts estiment que cette dernière finira par annihiler l'initiative des pays producteurs destinée à rééquilibrer le marché. «L'une des plus importantes, jamais réalisée dans l'histoire des initiatives prises par l'Opep pour réduire sa production», avait affirmé, le 10 février, l'Agence internationale de l'énergie, bras énergétique des pays de l'Ocde. Sur le terrain vraisemblablement la démarche de l'Opep tient en respect l' «offensive» US. «Rien n'a changé par rapport à la semaine dernière: le marché hésite entre, d'un côté, les actions de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) (...) et, de l'autre, la hausse persistante de la production américaine», constate James Williams, de WTRG alors que «le nombre de puits en activité continue à monter, comme l'a souligné vendredi un rapport du groupe Baker Hughes et cela contribue à lester le sentiment général sur les marchés», souligne Tim Evans, de Citi. La bonne tenue des prix du pétrole ne doit rien au hasard, soumis à la pression des stocks américains qui ont atteint un niveau record ainsi qu'à une devise américaine qui s'est ragaillardie par rapport à sa rivale européenne; ils font mieux que résister. L'accord d'Alger c'est du solide et l'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, se tient prête apparemment à le porter à bout de bras. «Je n'ai jamais vu l'Opep respecter autant des accords... c'est manifeste que l'Arabie saoudite veut rééquilibrer le marché», a reconnu l'analyste James Williams. Le baril répond présent. Hier, vers 11h30 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'échangeait à 56,18 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 17 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat d'avril se négociait à 53,39 dollars et bondissait de 19 cents. «Les cours du pétrole restent prisonniers d'une fourchette d'échanges étroite», font remarquer les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Certes. Sauf que cette fourchette ne se situe plus en eaux profondes. Le baril a fini par sortir la tête de l'eau. Son sauvetage a commencé à Alger.