Une dangereuse escalade s'amorce en Asie où Nord-Coréens d'un côté, Sud-Coréens et Etats-Uniens de l'autre mettent en péril la sécurité du monde. Qui a tort? Qui a raison? La question n'est pas à ce niveau, mais bien celui de savoir ce que ces Etats font pour dédramatiser la situation, rendre possible cette sécurité qu'ils appellent de leurs voeux, ou prétendent y travailler. En réalité, le monde plus que jamais exposé aux velléités des uns, aux surenchères des autres, est au bord du gouffre tant du fait de la bravade des uns, de l'égotisme des autres. Nord-Coréens et Etats-Uniens oublieux du raison garder montrent leurs muscles. Ainsi, la Corée du Nord multiplie les tirs de missiles au moment où les Etats-Unis exposent leur puissance qui, il ne fait pas de doute, est écrasante. En fait, Washington contribue à l'aggravation de la crise en installant, aux portes de Pyongyang, le bouclier antimissile Thaad (Terminal High-Altitude Area Defense) qui pourrait aussi menacer la sécurité de la Chine. Aussi, il n'y a pas photo entre les rodomontades de Pyongyang et les froids calculs de Washington. Les médias font de la Corée du Nord un épouvantail, qui menacerait la paix du monde, alors que les experts se gaussent des «bombes» nord-coréennes, doutant même que le pays le plus fermé du monde ait atteint à l'excellence dans un domaine où la technologie pointue est essentielle. Pyongyang aurait encore à passer l'épreuve de la miniaturisation de ses ogives. Ce qui est loin d'être acquis du fait de la technologie (vétuste, dit-on) de la Corée du Nord. Pyongyang a-t-elle atteint le niveau qui la ferait entrer dans le club fermé des puissances nucléaires? rien d'aussi évident, nonobstant les succès, vrais ou présumés, annoncés avec fracas par le pays communiste, histoire de maintenir la pression sur ses ennemis «intimes» sud-coréens. Néanmoins, cela reste du domaine de la spéculation, car personne en vérité ne connaît les données réelles de la maîtrise du nucléaire militaire par la Corée du Nord. Or, dans les crises cycliques et à rebondissement opposant le Nord et le Sud de la péninsule coréenne, les médias, en mal de sensations, montent en épingle tout ce qui a trait à la Corée du Nord. Il est patent que les décisions intempestives du maître de Pyongyang confinent aux provocations et n'aident pas à calmer le jeu. Cependant, ce jeu n'est-il pas déjà pipé par les Etats-Unis [première puissance militaire mondiale] qui entretiennent plus de 1000 bases militaires sur les cinq continents? Une puissance non point destinée à protéger la paix dans le monde, mais à assurer la sécurité des Etats-Unis. Il n'y a pas d'illusion à se faire, Washington ne dépense pas des centaines de milliards de dollars pour le bienfait de la planète. Dès lors, entretenir des bases militaires à proximité de territoires sensibles tels la Corée du Nord, la Chine, la Russie [des adversaires potentiels des Etats-Unis] n'est-ce pas là une manière d'incitation à l'irréparable? La réciproque est-elle de mise? La Chine et la Russie maintiennent-elles des bases militaires à travers le monde ou font-elles patrouiller leurs navires de guerre au voisinage des côtes des Etats-Unis? Dès lors, il est légitime de s'interroger: pourquoi la Corée du Nord fait-elle peur et pas les Etats-Unis, dont la mainmise militaire sur le monde est réelle? On pointe du doigt la menace [présumée] nord-coréenne, on fait silence sur le danger [réel] états-unien. Aussi, la «Guerre froide» que l'on estimait close après la chute du bloc soviétique est de fait toujours d'actualité, marquée par le redéploiement et la concentration militaires états-uniens, notamment dans l'ex-Europe communiste, via l'Otan, et par la propagande des médias aux ordres qui mènent une guerre psychologique contre certains Etats. C'est le cas de la Syrie. D'autre part notons que les Etats-Unis sont impliqués, directement ou indirectement, dans les guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie et au Yémen, singulièrement. Relevons aussi le fait que les investissements militaires états-uniens de ces dernières années se sont concentrés sur l'amélioration et la sophistication d'armes d'attaque, permettant les invasions d'autres pays. Justement, lors de l'invasion de l'Irak en 2003, les Etats-Unis ont usé d'armes inconnues, dont on se demande encore d'où elles sortaient. Le témoignage d'un médecin irakien est terrible, qui affirme avoir vu la tête de victimes atteintes par ces projectiles, se dissoudre alors que leurs corps restaient intacts. Tout n'a pas été dit sur la guerre contre l'Irak et les armes testées en grandeur nature par les Etats-Unis. Bien sûr, en titillant l'ego du maître de Pyongyang, ce dernier est amené à des actes irrévocables. En fait, le véritable danger, ce sont les Etats-Unis dominateurs et déterminés à maintenir leur usurpation du monde.