Retour aux urnes le 4 mai prochain, pour les élections législatives, qui donneront aux Algériennes et aux Algériens d'élire leurs représentants à l'Assemblée populaire nationale. En démocratie, l'élection des représentants du peuple est un acte éminemment politique, car il met en première ligne les Algériennes et les Algériens en tant que principaux acteurs du choix des femmes et des hommes qui auront [durant cinq ans] en charge les affaires du pays. C'est du moins, en théorie, l'acception première de l'acte de voter. Sinon, à quoi servirait une organisation aussi coûteuse qu'une consultation électorale à l'échelle d'une nation? Ces suffrages sont donc un test de crédibilité et ont pour effet de légitimer, par le vote, des femmes et des hommes aspirant au pouvoir que leur délègue le peuple. Aussi, que peut-il y avoir de plus constitutionnel pour un homme politique que la légitimité accordée par le peuple, la pertinence du scrutin? Dès lors, des hommes qui aspirent à un destin national peuvent-il faire l'économie du suffrage universel? Certes non! De fait, les batailles ont été dures au niveau des partis pour la confection des listes et le positionnement à un rang éligible. Dès lors, quels critères président au choix des femmes et des hommes appelés - une fois élu(e)s - à adopter, soit à concevoir, des lois qui engagent le peuple algérien? En réalité le questionnement n'est pas superfétatoire si on excipe du fait qu'une fois les listes closes, on constate l'absence des chefs des grands partis qui, faisant encore une fois l'impasse sur leur candidature à l'APN, se placent d'emblée au-dessus des protocoles marquant et définissant la démocratie. Ainsi, nous notons que ni Ould Abbès (FLN) ni Ouyahia (RND) ni Ghoul (TAJ) - pour ne citer que les trois partis présents dans les 52 circonscriptions électorales - ne sont candidats à un siège à l'APN, alors que c'est le devoir pour des chefs de partis, notamment ceux appelés à diriger, d'aller au charbon. Comme toujours, c'est encore la porte-parole du Parti des travailleurs, Mme Hanoune, qui donne l'exemple en étant présente sur une liste du PT à Alger. C'est aussi le cas de l'Alliance islamiste HMS-Front du Changement représentée par Menasra. Quelle validité auront des chefs qui, néanmoins, instruiront et orienteront leurs députés à l'Assemblée populaire nationale, alors qu'eux-mêmes ne sont pas des élus du peuple? Cette anomalie est d'autant plus préoccupante, que l'on rappelle qu'il y a quelques années des députés (dont le parti majoritaire du FLN) ont rejeté une loi contre la corruption, bloquant ainsi la loi anti-corruption. Comment peut-on se qualifier de leader politique sans être passé par le suffrage universel? Or, il y avait un paramètre incitatif, qui aurait dû encourager les chefs des «grands» partis à se présenter devant les électeurs: la présidence de l'APN. Lors de cette législature, le poste sera vacant du fait que le président sortant de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa, ne se présente pas pour un nouveau mandat. A moins que ce poste prestigieux [son détenteur n'est autre que le troisième personnage de l'Etat] ne donne lieu à aucun challenge et serait du domaine réservé. Ce qui ouvrirait sur d'autres visions et donnerait du sens à ce que tous les observateurs avaient regardé, à l'époque, comme une pantalonnade de Amar Saâdani, «élu» à la tête de l'APN, qui remerciait le chef de l'Etat de la confiance qu'il lui accordait. A ce moment, d'autres principes entrent en jeu éclairant des points d'ombre. A chaque élection - législatives ou locales - les partis politiques focalisent sur les fraudes. Or, la fraude ne serait-elle pas, dès lors, à la source, bien avant l'ouverture du scrutin, avant que les électeurs ne soient appelés à choisir leurs représentants, le tout étant «ficelé» et les postes distribués? Cela expliquerait, quelque part, le peu d'empressement des «grands» chefs à se présenter au suffrage universel. Or, Louisa Hanoune, patronne du PT, en donne l'exemple à chaque législature en se présentant à la députation. On peut donc être chef de parti et député. Dès lors, la question subsiste: pourquoi nos «grands» hommes politiques font-ils invariablement l'impasse sur les élections législatives et municipales, alors que du fait de leur position ils jouent un rôle déterminant dans le devenir de la nation? Telle est la question.