Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'est dit «scandalisé» hier par les propos du président turc Recep Tayyip Erdogan accusant l'Allemagne et les Pays-Bas de «nazisme», les jugeant incompatibles avec l'ambition d'Ankara de rejoindre l'UE. «J'ai été scandalisé par ce qui a été dit par la Turquie sur les Pays-Bas, l'Allemagne et d'autres (pays). Je n'accepterai jamais cette comparaison entre les nazis et les gouvernements actuels», a déclaré M.Juncker à Strasbourg devant les eurodéputés, réagissant à la crise diplomatique qui oppose Ankara à plusieurs capitales européennes. «Etablir une comparaison avec cette période est totalement inacceptable», a-t-il insisté. «Celui qui fait cela prend ses distances avec l'Europe et n'essaye pas d'entrer dans l'Union européenne», a averti M. Juncker, en référence aux négociations d'adhésion à l'UE de la Turquie, actuellement au point mort. «Ce n'est pas l'UE qui se joint à la Turquie, c'est la Turquie qui se joint à l'UE», a-t-il conclu. Le président du Conseil européen Donald Tusk, qui s'est lui aussi exprimé devant les eurodéputés, a également exprimé sa «solidarité» avec les Pays-Bas, jugeant les propos d'Erdogan «détachés de la réalité». La Turquie reproche aux Pays-Bas - qui votaient hier pour des législatives test pour l'Europe - d'avoir refusé la participation de ministres turcs à des meetings de soutien à Recep Tayyip Erdogan, en pleine campagne référendaire pour renforcer ses pouvoirs présidentiels. M.Erdogan avait promis de «faire payer le prix» aux Pays-Bas pour ce traitement, rappelant selon lui «le nazisme et le fascisme». L'Allemagne avait été la première début mars à s'attirer les foudres du président turc, après que des municipalités ont interdit à des ministres turcs de promouvoir le «oui» au référendum du 16 avril. Le chef de l'Etat turc avait répliqué en accusant à maintes reprises Berlin d'user de méthodes «nazies». «C'est bien de condamner» ce qui se passe en Turquie, mais «soyons honnêtes, MM.Tusk et Juncker, il faut geler les négociations d'adhésion maintenant», a tonné hier dans l'hémicycle le chef de file des eurodéputés libéraux, le Belge Guy Verhofstadt. «L'Europe ne se laissera pas menacer par un tyran», a-t-il ensuite twitté.