La raison du plus fort est-elle toujours la meilleure? Nous en doutons, même fortement. Le nouveau pouvoir républicain états-unien l'illustre fort bien qui semble avoir fait de l'intimidation la base de sa politique étrangère, singulièrement. Très offensif, Donald Trump donne l'impression de vouloir mener le monde à la baguette. Il est prêt à guerroyer avec n'importe qui et pour n'importe quoi, vitupérant à tout-va à coups de tweets, remettant en cause tout ce qui [au cours de ces dernières décennies] a été construit, même si le résultat est loin d'être au niveau des attentes des peuples du monde. Dans le sillage de son patron, à peine installé au département d'Etat, le nouveau chef de la diplomatie états-unienne, Rex Tillerson, hausse le ton, brandit la trique. Mégalomanie, arrogance du pouvoir? De but en blanc, par la voix de son porte-parole, Mark Toner, le département d'Etat, sommait, jeudi, la Russie «à mettre fin immédiatement» à «l'annexion» de la Crimée qui, dit-il, fait «partie de l'Ukraine». Washington condamnant «l'occupation» russe de la Crimée et appelant à «sa fin immédiate». Le hic est que la Crimée est un territoire historiquement russe cédé en 1954, par un Ukrainien [Nikita Khrouchtchev] à son pays natal. C'était l'époque où le patron du BP du Pcus, faisait et défaisait les choses, y compris offrir des territoires de la fédération à un de ses membres. C'est de l'histoire, mais bonne à connaître. Le département d'Etat est seulement oublieux du fait qu'il s'adresse à une puissance du même niveau que les Etats-Unis qui, sans doute, n'a que faire de ses intimidations. Dès lors pour ses premiers pas sous l'ère Trump, le département d'Etat fait fort! C'est encore la Corée du Nord qui donne aux Etats-Uniens de s'employer. Ainsi, le tout nouveau secrétaire d'Etat, Rex Tillerson, se voulant très dur, annonçait jeudi à Séoul (Corée du Sud) la fin de la «patience stratégique» US envers Pyongyang, indiquant que l'action militaire est [désormais] «une option sur la table». C'est du déjà-entendu concernant les pays n'entrant pas dans les normes édictées par les Etats-Unis ou qui refusent le carcan que Washington veut leur imposer. Cela a été le cas de l'Iran et de son programme nucléaire. En maintes occasions, les Etats-Unis avaient brandi la menace comme quoi «toutes les options sont sur la table». A partir de Séoul, Tillerson, nous ressert la même antienne, fondée sur la puissance et l'intimidation. M.Tillerson, sûr de son fait, ne mégote pas: «Vous faites ça, vous ne faites pas ça», veut sans doute raser la Corée du Nord, pour dormir tranquille. A Séoul, où les Etats-Unis sont en train d'installer le bouclier antimissile Thaad (Terminal High-Altitude Area Defense), [qui menace la sécurité de toute la région y compris celle de la Chine] son chef de la diplomatie, Rex Tillerson affirme: «Permettre à Pyongyang de conserver son niveau actuel de technologie militaire n'est pas un objectif approprié.» Ce qui ne nous change pas du sempiternel édit du «maître» «fais ce que je dis, ne fais pas ce que je fais». Ainsi, des pays qui se donnent tous les droits, du fait de leur écrasante puissance militaire, s'arrogent tout autant le droit d'interdire à d'autres celui de se développer indépendamment. Pays auxquels n'est accordé que le droit d'obéir aux préceptes et directives des puissants et, singulièrement, ne pas prétendre à l'acquisition du know-how technologique, que l'on ne leur permettra pas de «conserver». Ainsi, il semblerait qu'il existerait des domaines réservés auxquels des Etats n'auraient pas le droit d'accéder, ne doivent pas y avoir accès? La science, le savoir, la technologie seraient donc tabous pour les pays non agréés, même si ce savoir-faire est la résultante de leurs seuls efforts, de leur travail, de leur recherche. Au nom de quel «droit» Rex Tillerson, ne peut-il permettre à un pays de se développer, y compris militairement? La Corée du Nord existerait-elle encore, si elle n'avait pas ces moyens - encore vétustes dit-on - de se défendre? Nonobstant la paranoïa de ses dirigeants, il semble bien que la Corée du Nord ait les mêmes droits à se développer que toutes les nations du monde. Notons toutefois ce fait: les Etats-Unis veulent dénucléariser l'Asie de l'Est. Certes! Toutefois, nous relevons que cette dénucléarisation serait à sens unique du fait que la Corée du Nord est seule qui se trouve dans le collimateur. Au Moyen-Orient, c'est le Monde arabe et l'Iran qui sont à l'index. Or, ni le Japon ni la Corée du Sud pourvus du savoir-faire nucléaire et encore moins Israël, seul pays du Moyen-Orient disposant de l'arme atomique - des alliés des Etats-Unis - ne sont concernés par cet oukase. Un deux poids, deux mesures inacceptable!