Mélenchon rejette la guerre, il le dit, il le répète, il est le candidat de la paix aussi bien entre les Français eux-mêmes qu'avec le reste du monde. D'ailleurs, c'est sur ce dernier thème qu'il a mené son discours de ce lundi 9 avril à Marseille. Jean-Luc Mélenchon doit certainement en vouloir à la chaîne de télévision France 2 d'avoir annulé le débat prévu entre les candidats. Le candidat de «France Insoumise» qui n'arrivait pas à décoller de son 12% a, d'un coup, vu sa cote de popularité grimper suite au rassemblement de la place de la République au cours de laquelle il avait réussi à réunir plus de 130.000 personnes. Non, ce n'est pas le nombre qui lui a permis de monter dans les sondages, mais c'est parce que les Français qui l'avaient écouté ce jour-là, avait découvert un «grand» candidat. Orateur hors pair, tribun d'exception, Mélenchon avait su mettre à profit ce rassemblement et la curiosité qu'il suscitait pour «vider son sac» d'une fort belle manière. Lorsque Mélenchon parle on a plusieurs impressions qui se dégagent. Tout d'abord, la sincérité. Contrairement à tous les autres candidats, Mélenchon semble dire vrai. Il ne parle pas pour encenser ses citoyens comme font tous les autres. Il n'y a qu'à voir, par exemple, Le Pen qui est allée ce lundi «draguer» les Corses qui n'en veulent pas et le lui font savoir. C'est le lendemain du rassemblement de la place de la République que le thermomètre des sondages a commencé à grimper dans la case de Mélenchon. Ensuite, en l'écoutant, on sent que le bonhomme a envie de changer réellement les choses. Une VIe République, une Constituante, le renversement de la monarchie présidentielle et la révocabilité des élus, pour ne retenir que des quatre aspects de son projet, ont de quoi, s'ils venaient à être réalisés, chambouler jusqu'aux derniers recoins de la vie des Français. Or, et nous l'avons dit, ici même dans ces colonnes, les Français n'en peuvent plus de leur situation et de l'état dans lequel est plongée leur société, sur tous les plans: sécuritaire, politique, économique et social. Le candidat de F.I. se présente donc comme le candidat du changement tant attendu et tant espéré par ces mêmes Français. Par ailleurs, et contrairement à tous les autres, du discours de Mélenchon ressort un positionnement clair et net du côté des faibles, des pauvres, des misérables,... bref de toutes les fragilités qui frappent un grand pan de la société française. Enfin, Mélenchon rejette la guerre, il le dit, il le répète, il est le candidat de la paix aussi bien entre les Français eux-mêmes qu'avec le reste du monde. D'ailleurs, c'est sur ce dernier thème qu'il a mené son discours de ce lundi 9 avril à Marseille. Voilà là, résumées, les principales raisons qui, à notre avis, ont fait que Mélenchon, longtemps collé au 11% a réussi d'un coup à s'envoler, se permettant le luxe de rejoindre Benoît Hamon dans les alentours de 12%. Ce sont ces mêmes éléments qui ont permis à Mélenchon de se faire remarquer lors du débat télévisé sur TF1. En effet, ce premier débat a donné encore à Mélenchon la possibilité d'être écouté par des millions de Français qui, du coup, ont découvert, pour ceux qui ne l'écoutaient pas, la force d'une proposition ferme et tranquille. Juste après ce débat, les aiguilles fébriles des sondages indiquaient Mélenchon comme le plus convaincant des candidats aux yeux d'une bonne partie des téléspectateurs, ce qui, dans la nuit même, apporta du nouveau dans les intentions de vote. Cette fois, les médias ont commencé à parler d'une certaine «dynamique Mélenchon». Impossible de faire autrement! Au cours des jours, cette progression s'est confirmée jusqu'au deuxième débat, un débat à onze, duquel encore Mélenchon sortira comme le candidat le plus convaincant par une grande partie des téléspectateurs sondés. Chose nouvelle, cette fois, Mélenchon qui a dépassé Hamon depuis longtemps, a commencé à se rapprocher de Fillon 15% contre 17%, mais il y a de nombreuses parties qui refusent de voir cette progression soutenue, à commencer par Fillon lui-même. Aussi, lorsque ce dernier s'est rendu compte, il était trop tard déjà. A la suite de son discours de Marseille ce lundi, Mélenchon a dépassé Fillon, il a enregistré 18% d'intentions de vote contre 17% pour le candidat des Républicains. Ceci a donné lieu à plusieurs titres significatifs comme «Mélenchon dépasse Fillon», «Mélenchon passe devant Fillon et prend la 3e place»(Le Point), Mélenchon double Fillon et lui prend la 3e place (BFMTV.COM), «Mélenchon gagne six points et passe devant Fillon» (Opinion-Capital.fr), etc. Cela reste des sondages, certes, mais des sondages pour tout le monde, c'est-à-dire qui sont valables de la même manière pour tous les candidats! Cette progression continue de Mélenchon, qu'il a pu avoir par la force du verbe, commence à poser plusieurs questions et à interpeller à plus d'un niveau. Tout d'abord, pourrait-il continuer sur ce rythme? Et si oui, jusqu'où ira-t-il? Ce qui nous mène sur une autre question: pourrait-il passer au second tour? Et si oui, sur le compte de qui? Macron ou Le Pen dont les sondages commencent à régresser depuis le dernier débat sur BFM TV? Et, enfin, la question qui dérange énormément, s'il passe au second tour, pourrait-il gagner? C'est à ces questions que nous allons essayer de répondre dans notre prochain article. (à suivre)