Le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), Abdelwahab Derbal, vient de jeter un pavé dans la mare. Il ne trouve pas d'inconvénient que les candidates aux élections législatives prochaines rejettent l'affichage de leurs visages dans les listes de leurs partis respectifs. Derbal a annoncé que: «les partis sont ainsi libres dans la mise en place de leurs affichages. Ils peuvent dévoiler seulement quelques candidats de leurs listes, dévoiler leurs noms avec leurs photographies ou juste leurs noms», a-t-il martelé. Cette déclaration remet en cause le communiqué publié par le ministère de l'Intérieur et même celui de sa propre instance qui ont fait respectivement allusion à ce phénomène, c'est-à-dire établir une liste où certaines candidates n'apparaissent pas. C'est une première dans les annales politiques du pays qu'un haut responsable désigné de surcroît par les hautes instances de l'Etat fait fi des lois de la République en contredisant même la directive du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qui stipule de: «prendre des mesures légales contre ce type de dépassement dangereux et contraire aux lois et à la Constitution», a-t-il précisé. Si on se réfère au communiqué du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, on pourrait comprendre facilement que le recours à l'affichage des listes par les partis en lice dans les joutes des législatives prochaines sans que les candidates affichent pleinement leurs visages, cela est considéré comme «contraire aux lois et à la Constitution», donc, une infraction en bonne et due forme à la loi, de ceux qui s'inscrivent en porte-à-faux par rapport à cette directive. Le président de la Hiise, Derbal en l'occurrence, utilise en toute transparence et clarté la phrase suivante: «Cette pratique est une conformité aux moeurs et traditions algériennes». Il est tout à fait clair que le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections vient d'opposer un niet catégorique au ministre de l'Intérieur et par ricochet aux lois de la République et de sa Constitution sur ce registre qui risque de susciter des prises de becs, voire des dissensions même. Derbal semble retrouver ses vieux démons d'antan, des démons d'une période qui faisait confondre la République avec un agrégat ésotérique ou carrément frappée par l'anathème en usant d'un discours islamiste pétri de conservatisme plat et d'un traditionalisme creux et fumeux. Le Front des forces socialistes (FFS) avait été lui aussi victime de ce genre de dérapage, il a vu sa liste de Bordj Bou Arréridj prendre cette allure de dérapage, il a exigé le retrait immédiat de sa liste en la substituant par une autre retirant ainsi la photo de la candidate qui ne voulait pas afficher son visage, de ce fait, le FFS à montré la voie aux autres partis concernés par ce dérapage politique, voulant dire par la même qu'il est légaliste et il se soumet à la constitution et aux lois de la République. Un parti politique de poids, à l'image du Front des forces socialistes à reconnu qu'il s'agissait d'une erreur flagrante qu'il fallait rectifier in extremis, alors que le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections n'a pas jugé utile de réorienter le débat dans le sens de la loi et de la Constitution, bien au contraire, il verse dans une démarche qui vise à susciter la polémique et des débats d'arrière-garde. D'un point de vue éthique, le président de la Hiise aurait pu se fier aux prérogatives telles qu'énumérées dans le texte de loi régissant l'activité de l'instance dont il est président au lieu de se livrer dans une bataille perdue d'avance parce que sa mission est technique et elle ne peut pas se doter d'outils politiques susceptibles de reformuler à nouveau le champ d'intervention de l'instance et de ses objectifs.