C'est le message que Benchicou a tenu à transmettre à ses confrères. Quand la femme de Mohamed Benchicou fut invitée à s'exprimer lors du rassemblement des «épris de la liberté de la presse et de l'expression», tenu hier à l'intérieur de la Maison de la presse Tahar-Djaout, les présents se montraient plus attentifs que jamais. Parmi ces derniers, il nous était aisé de distinguer des figures bien connues du milieu politico-médiatique national, à l'image de MM. El Hachemi Chérif et Djelloul Djoudi, respectivement président du MDS et président du groupe parlementaire du PT. Des acteurs de la société civile, tels que celui que l'on présente comme étant le monument des droits de l'homme en Algérie, en l'occurrence Me Ali Yahia Abdenour président de la Laddh, M.Hafnaoui Ghoul, militant au sein de cette même ligue et journaliste incarcéré six mois durant dans les geôles de Djelfa, ainsi que le porte-parole de l'«aile dialoguiste», comme on dit, du mouvement citoyen de Kabylie. Ce sont tous ces gens se trouvant au milieu d'une foule composée d'une soixantaine de personnes environ, venues prendre part au rassemblement d'hier à la Maison de la presse que Mme Benchicou s'apprêtait à apostropher. Elle s'efforce de sourire. Elle tente de noyer ses pleurs au fond de ses yeux pour que l'assistance ne puisse voir des larmes couler sur ses joues. Courageusement, elle martèlera tout de go: «Mohamed (son mari) reste debout malgré l'arthrose cervicale qui le fait terriblement souffrir. Il refuse de baisser le front et que son emprisonnement n'est qu'une des palpitations de l'Algérie en lutte pour sa dignité.» Mme Fatiha Benchicou ajoutera ceci : «Hier (dimanche dernier) au parloir de la prison d'El Harrach, j'ai vu Mohamed, au lendemain de son 53e anniversaire et à la veille de la célébration de la Journée mondiale de la presse». Ainsi, à l'occasion de la Journée mondiale de la presse, Mohamed Benchicou, par le biais de sa femme, a tenu à transmettre un message de salutations à ses lecteurs, amis et confrères. A l'endroit de la corporation de la presse écrite, Benchicou a invité celle-ci à «garder le verbe haut et la plume fière malgré le glaive du bourreau». L'initiative du rassemblement tenu hier a été, par ailleurs, l'oeuvre du comité de libération de Mohamed Benchicou, conjointement avec le syndicat national des journalistes et de son président Rabah Abdellah. Prenant la parole, Me Ali Yahia Abdenour notera que «toutes les libertés sont en régression en Algérie, depuis particulièrement une année». Le président de Ligue algérienne des droits de l'Homme (Laddh) fera aussi part de ce constat: «Nous avons affaire à un pouvoir qui ne règle pas les problèmes mais qui empêche ceux qui veulent les régler en les mettant en prison», dira-t-il encore en rappelant au passage la naissance de «la presse libre» en 1990 et la confection par Ouyahia du code pénal, en vigueur depuis juin 2001. Parmi ceux qui ont prêté une oreille attentive à Me Ali Yahia Abdenour et avant lui à Mme Fatiha Benchicou, il y avait aussi les présidents des syndicats autonomes tels que Radouane Osmane du CLA et le Dr Yousfi du Snpssp. A ces derniers, le président de la Laddh a clos son intervention en disant que «les libertés ne se divisent pas. Nous devons encore lutter pour qu'elles triomphent».