Plus de 7000 victimes ont été recensées. «La guerre en Algérie ne s'est pas arrêtée le 5 juillet 1962, elle continue et continuera jusqu'à la destruction de la dernière mine antipersonnel enfouie sur le sol algérien durant la guerre de Libération». Dahou Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales s'exprimait ainsi hier, à l'ouverture du 1er symposium international sur la convention d'Ottawa au Sheraton, en sa qualité d'ancien combattant. Selon ce dernier, 1173 moudjahid ont laissé leur vie durant la guerre de Libération suite à un contact avec une mine déposée par l'armée française, 2328 autres ont été blessés. Les conséquences de cette arme néfaste continuent d'engendrer des victimes 43 ans après l'indépendance. Elles sont au nombre de 1341 cas. L'armée algérienne continue de mener des opérations de déminage, Ould Kablia cite la région de Beni Oussif «où une centaine de mines sont détruites chaque semaine». Le danger des mines réside dans le fait qu'elles sont indétectables, le problème est d'autant plus complexe pour l'Algérie, sachant que la France ne posséde pas de plan de minage. Il faut savoir que la France a disséminé 3000 mines chaque 100 m2 et que 50.000 ha sont «infestés». Par ailleurs, dans son message, le président de la République a précisé que la question des mines antipersonnel «conserve chez nous une résonance particulière puisque les corps d'enfants innocents gardent les traces de notre combat libérateur». Très vague, le président de la République n'a pas évoqué directement la responsabilité de la France, mais a tenu à soulever que «l'Algérie, qui a souffert durant la période coloniale et ensuite au cours de la période la plus sombre de son histoire, des ravages provoqués par les mines antipersonnel, est aujourd'hui à plus d'un titre particulièrement sensible à ce phénomène». Profitant de l'anniversaire des massacres de 8 Mai 1945, il a ajouté que les mines antipersonnel déposées tout au long de frontières avec le Maroc et la Tunisie, «représentent une séquelle du combat que le peuple algérien a mené contre le colonialisme».Le président a rendu hommage au travail des unités spécialisées de l'Armée nationale populaire, qui a permis entre, 1963 et 1988, de détruire 7,8 millions de mines et le nettoyage de 50.000 ha de terres polluées par ces armes. L'Algérie dont l'engagement s'inscrit dans le cadre d'une stratégie universelle menée dans le cadre de la lutte contre les mines antipersonnel, encourage le travail des ONG activant dans ce domaine, à condition précise le président que «leur «opérationalité» ne doit en aucun cas les amener à interférer dans l'action diplomatique des Etats ni être affranchie des contrôles auxquels elles sont normalement tenues de se soumettre». Quelle prise en charge pour les victimes? Plus de 7000 personnes recensées entre le ministère de Moudjahidine et le ministère de la Solidarité nationale. Le chiffre a été donné par Abedllah Bouchenak, directeur de la solidarité. Ce dernier reconnaît que ce qui manque, ce sont les études quantitatives et qualitatives pour affiner les données. L'on sait déjà que 500 veuves et 950 ascendants des victimes sont pris en charge. Le conférencier a mis en exergue les principaux volets de la prise en charge, citant entre autres, l'aide et l'assistance aux populations défavorisées, l'insertion sociale et professionnelle des catégories en difficulté sociale, la prise en charge par l'Etat des frais de soins de santé. Concrètement, en Algérie, l'appareillage est offert gratuitement par les caisses de sécurité sociale. La législation exige des employeurs de consacrer 1% de leurs postes de travail à la catégorie des handicapés. Mais beaucoup reste à faire selon les victimes. Il faut dire que des familles entières sont brisées, réduites à la misère lorsque le chef de famille, mutilé par une mine, ne peut plus travailler et assurer la survie quotidiennement de ses proches.