C'est donc Emmanuel Macron! Ce qui n'est pas une surprise. Le scrutin présidentiel de dimanche en France, a été de fait un exercice de style, permettant aux Français, de tous bords politiques, de dire leur rejet de l'extrémisme et de sa représentante, Marine Le Pen. Un seul mot d'ordre était de mise: tout, mais pas le Front national. Cela a été largement démontré dimanche avec 66,10% des suffrages accordés au leader d'En Marche!.C'était aussi une mise au point quant au fait que l'extrême droite n'avait pas d'avenir de leadership, ni vocation à gouverner en Hexagone. Ce que les Français unanimes ont exprimé, nonobstant les clivages et les divergences politiques, dès lors qu'aucune voix (de droite comme de gauche) n'a manqué au soir du 7 mai à Emmanuel Macron. Il fallait d'abord se débarrasser de Marine Le Pen. C'est fait! En vérité, le véritable scrutin de la présidentielle française, s'est déroulé le 23 avril dernier, du fait que le finaliste [contre Marine Le Pen, désignée comme favorite de la présidentielle] serait le vainqueur le 7 mai. En fait, n'importe lequel de ses quatre principaux concurrents était assuré de franchir le seuil de l'Elysée au soir du 7 mai 2017. Pour une fois les sondages étaient au rendez-vous et n'ont pas été démentis par le vote des Français. Voici donc Macron qui endosse l'habit prestigieux de magistrat suprême de l'Etat français. Pour l'Europe - notamment l'Union européenne - et les Etats-Unis, c'est plutôt le soulagement, qui n'auront pas à se commettre avec une personnalité qui nie les droits des immigrés et d'un tiers de la population mondiale, le milliard et demi de musulmans tenus pour responsables de tous les phénomènes qui minent notre planète. C'est donc Macron! Que faut-il, que peut-on attendre du leader d'En Marche! qui aura encore à faire ses preuves, en ayant la fermeté nécessaire avec ses «amis», associée à la souplesse qui sied en politique? En fait, le chapitre électoral clos, la parenthèse de la trêve observée pour barrer la route à Mme Le Pen est de même fermée qui donnera lieu à la reprise des hostilités entre droite et gauche dans la perspective des législatives de juin prochain. Pour ce qui nous concerne, c'est donc sur ses premières décisions que le président élu français sera attendu et jugé. De ce côté de la Méditerranée, nous attendons beaucoup de lui en fait, surtout après ses déclarations, à Alger, sur le colonialisme, qu'il assimila à un «crime contre l'humanité», remettant de la sorte les choses à l'endroit, laissant les Algériens sous son charme. Devenu président de l'Etat français, Emmanuel Macron ira-t-il au bout de ses idées et restera-t-il sur cette donne ou sera-t-il recadré et contraint de rentrer dans le rang comme l'ont fait avant lui nombre de ses prédécesseurs? Le cri du coeur d'Alger, n'aura alors été que velléitaire. Toutefois, sans préjuger de ce que sera le futur des relations entre l'Algérie et la France du centriste Emmanuel Macron, accordons au nouvel hôte de l'Elysée la présomption du parler vrai. En effet, ce qu'il dira, surtout décidera à propos de la repentance, soit ouvrira une nouvelle page entre nos deux pays [fermant le livre de la colonisation qui a fait beaucoup de mal de ce côté de la Méditerranée], soit laissera ouverte une plaie [nous commémorions hier en Algérie les massacres du 8 mai 1945] qui (alors) ne sera pas prête à se cicatriser. Nous attendons aussi de M.Macron un positionnement clair sur le dossier palestinien, un peuple qui souffre de la spoliation depuis 70 ans. M.Macron qui a eu les mots qu'il fallait sur le colonialisme, les reniera-t-il en continuant le soutien à la colonisation du Sahara occidental par le Maroc? C'est la France - Emmanuel Macron est bien placé pour le savoir - qui soutient et protège le Maroc au Conseil de sécurité de l'ONU depuis 42 ans. Bien sûr, l'Afrique, les relations de la France avec le Monde arabe sont importantes, mais c'est la détermination du président français, sur les thèmes énoncés de la repentance, de la Palestine et du Sahara occidental, qui diront, si effectivement un vent de changement réel souffle sur la France. Dans le cas contraire, il faudra sans doute patienter et attendre des jours meilleurs.