Le verdict des électeurs français est donc tombé. Sans surprise, le candidat Emmanuel Macron est le plus jeune homme politique à se rapprocher du palais de l'Elysée depuis Napoléon Bonaparte. Il est vrai que le premier tour n'est pas le résultat de l'élection présidentielle dont l'issue définitive sera connue dans deux semaines. Mais le candidat d'En Marche !, que personne n'attendait à cette étape de l'élection il y a de cela moins d'un an, a fait un grand pas vers le palais de l'Elysée. Car, même si elle bénéficie du soutien de l'extrême droite et profite de la déchéance politique et économique dans laquelle se débat la France, la candidate du Front national, Marine Le Pen, n'aura pas beaucoup de réserves de voix pour le second tour. Ce résultat concerne certes, en premier lieu, la France et les Français. Mais les Algériens, qui suivent avec un intérêt particulier ce scrutin, ne peuvent pas ne pas se réjouir de la position de favori de Macron pour le deuxième tour. Le jeune candidat de 39 ans a en effet réussi à capter l'intérêt des Algériens depuis qu'il a prononcé la fameuse phrase qui a sans doute constitué un tournant important dans la campagne électorale. En visite à Alger, Macron avait estimé que «la colonisation était un crime contre l'humanité». La levée de boucliers autour de cette question n'a rien changé à la position du candidat. Malgré des réajustements sémantiques, l'homme n'a rien cédé sur le fond. Il a défendu sa position jusqu'aux derniers jours de la campagne. En plus de cette position décomplexée vis-à-vis de l'histoire coloniale, Emmanuel Macron a montré des signes d'une réelle ouverture dans les relations avec l'Algérie. En homme pragmatique – une qualité qu'il tient sans doute de sa carrière de banquier – Emmanuel Macron entend faire de l'Algérie un partenaire privilégié dans le bassin méditerranéen. Il veut également faire de notre pays une fenêtre sur une Afrique qui ne cesse d'étonner par sa grande capacité à se développer sur le plan économique. En plus des relations bilatérales qui seront apaisées, une éventuelle élection de Macron au second tour rassurera également les musulmans de France, dont on compte des milliers d'Algériens. Ces derniers sont inquiets de la montée en puissance de l'extrême droite qui a montré, hier soir, qu'elle peut toujours se révéler dangereuse malgré l'existence d'un front républicain qui lui barrera sans doute la route à l'Elysée. Il reste maintenant à savoir si, une fois élu, Emmanuel Macron montrera plus de courage concernant le règlement de certaines questions régionales, comme le conflit au Sahara occidental. C'est sur des questions internationales que l'homme sera également attendu.