Les chances de Fillon s'amenuisent de plus en plus depuis l'affaire Pénélope et des emplois fictifs dont il était accusé. Bayrou, lui, a fini par trancher. C'est Macron qu'il a choisi et non Fillon, contrairement à ce qui était attendu. Après avoir entretenu un long suspense, François Bayrou, président du parti le Mouvement démocratique (Modem), a annoncé, mercredi soir, son ralliement à Emmanuel Macron après l'avoir fustigé pendant longtemps, l'accusant d'être le «candidat de la finance internationale qui veut dominer le monde». Toutefois, le temps de la critique est passé et l'affaire Penelope Fillon a changé la donne et le positionnement politique du maire de Pau (sud-ouest de la France). Il apporte donc son soutien à Emmanuel Macron avec une condition : s'engager pour la moralisation de la vie publique et la lutte contre la corruption politique. Le chef d'En marche a indiqué avoir reçu, cinq sur cinq, le message de Bayrou, se disant content de voir un homme politique averti se rallier à son projet. Faire barrage à l'extrême droite. Le soutien de M. Bayrou à Emmanuel Macron marque un tournant dans la campagne électorale pour la présidentielle. Longtemps courtisé par François Fillon, c'est finalement M. Macron qu'il a choisi. En passant avec armes et bagages vers celui qu'il qualifiait avant de «candidat de la finance internationale», M. Bayrou apportera aussi dans sa hotte entre 5 à 8% d'électeurs centristes pour M. Macron. Ce qui pourrait changer l'issue du scrutin au deuxième tour de l'élection prévu le 7 mai prochain. Avant d'offrir son alliance, le maire de Pau a déclaré, mercredi lors d'une conférence de presse, que la France encourait «le pire des risques de flambée de l'extrême droite, qui fait planer la menace d'un danger majeur et immédiat pour notre pays et pour l'Europe». Gauche droite kif-kif. Il a ajouté : «A gauche, le bilan du gouvernement sortant est tel aux yeux des Français que les primaires de la gauche ont choisi un candidat opposant déterminé à la politique suivie depuis le début du quinquennat.» «Un non-evénement» A droite, «le dévoiement des affaires révèle non seulement l'existence de privilèges et de dérives, mais ce qui est plus choquant encore, l'acceptation tacite et presque unanime de ces abus». De nombreuses réactions à gauche et au centre ont salué la décision de Bayrou. Pour certains, elle permettra de couper l'herbe sous le pied du Front National et de barrer la route à François Fillon qui veut «casser» la France avec son programme ultralibéral. Mais à droite, le geste de Bayrou restera en travers de la gorge de tous les responsables politiques qui accusent déjà Bayrou d'avoir fait gagner François Hollande en 2012 et qu'il risque de faire la même chose avec Emmanuel Macron. Officiellement, François Fillon, le candidat de la droite et du centre, considère la «sortie» de Bayrou comme un non-événement, mais en vérité elle a mis en ébullition tout le parti Les Républicains qui craint de perdre des voix au centre au profit de M. Macron. Donné parfois second, parfois en troisième place, le président d'En marche sait bien que la campagne électorale est relancée de plus belle. Et en sa faveur en plus… n